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L’hôtel de Marcilly

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L’hôtel de Marcilly

L’hôtel de Marcilly : la façade sur cour

Claude Bonneau, architecte des bâtiments du roi

En 1738, Claude Bonneau, architecte des bâtiments du roi, fait l’acquisition d’une brasserie connue sous le nom de « à la ville de Namur ». La présence de cette brasserie n’est pas si étonnante car la rue du Cherche-Midi, conduisant au village de Vaugirard, est bordée de plusieurs tavernes à cette époque. Cette rue du faubourg Saint-Germain commence à changer de physionomie à partir du XVIIe siècle : outre des congrégations religieuses, elle est plébiscitée par de puissantes familles aristocratiques qui y élèvent de somptueux hôtels particuliers. Bonneau habite à cette époque la rue de Sèvres. Il travaille notamment pour le compte du duc de Rohan et les religieux des Théatins (voir le couvent des Théatins). L’architecte fait démolir la brasserie pour y édifier un hôtel particulier qu’il destine à sa fille, Madeleine Bonneau.

L’hôtel de Marcilly : la façade sur cour

Un parti architectural original

L’hôtel est construit « entre cour et jardin », selon la tradition française. Sur la rue, le 1er bâtiment ne comporte à l’origine qu’un seul niveau. Sa façade est centrée sur un portail à refends sommé d’un cartouche. Répondant au style rocaille des vantaux, le superbe heurtoir est décoré d’un masque de grotesque, de coquille et de putti. La parcelle étant étroite, Bonneau conçoit un parti architectural original pour le logis situé en fond de cour : centrée sur un avant-corps, la façade s’incurve avec grâce et se prolonge par des pavillons placés aux angles. Les fenêtres suivent d’ailleurs la courbe de la façade et sont elle-même incurvées, un exemple rare à Paris. De chaque côté, des ailes basses destinées aux communs rejoignent le 1er bâtiment donnant sur la rue. L’avant-corps central présente un décor sculpté d’une grande richesse. Constitué d’une travée unique, il est agrémenté de tables de pierre, de cartouches aux clefs des baies. Le fronton triangulaire qui le couronne repose sur des consoles doubles d’une belle facture. La façade donnant sur le jardin est bien proportionnée. Elle est centrée sur un avant-corps large de deux travées : chaque baie est sommée d’une agrafe finement sculptée dans le style rocaille.

L’hôtel de Marcilly : la façade sur le jardin

Des décors intérieurs de grande qualité

Pour le décor intérieur, Claude Bonneau fait appel à l’un des meilleurs sculpteurs ornemanistes de son époque, Nicolas Pineau (1684-1754). Pineau est considéré comme l’un des inventeurs du style rocaille français (la « version française » du style baroque, mais limitée à la décoration intérieure et à des éléments sculptés des façades). Il est d’ailleurs le sculpteur attitré de l’architecte Jacques Hardouin-Mansart de Sagone, ce qui laisse à penser que ce dernier a pu donner des conseils à Bonneau pour la construction de l’hôtel.

L’hôtel de Marcilly : la cage d’escalier

Un éblouissant vestibule

Bien que la demeure présente des proportions relativement modestes, l’architecte donne d’emblée au vestibule et à l’escalier une place primordiale, sans doute pour éblouir le visiteur. Ainsi, la cage d’escalier se déploie avec ampleur sur les trois niveaux de l’hôtel. Dessinée par Nicolas Pineau, la rampe en fer forgé est d’une virtuosité rarement égalée au XVIIIe siècle. Le départ de rampe est constitué de multiples arabesques; il prend la forme assez inhabituelle d’un cartel. Situé au rez-de-chaussée, le grand salon a conservé ses belles boiseries rocaille. Les pièces sont placées en enfilade, conférant à l’hôtel une certaine ampleur. Au 1er étage, le salon central présente un décor postérieur d’époque Louis XVI : les lambris sont sculptés de perles, d’oves et de feuilles d’acanthes. Les dessus de portes représentent des allégories des quatre saisons.

L’hôtel de Marcilly : le départ de la rampe d’escalier représente un cartel stylisé

De prestigieux locataires

Madeleine Bonneau épouse en 1743 Jacques de Commines de Marcilly, seigneur de La Borde. Le couple n’habitera jamais l’hôtel. Recueillie en 1769 dans la succession de Claude Bonneau en 1769, la demeure porte néanmoins le nom d’hôtel de Marcilly. En 1766, elle est louée au marquis de Hautefort, ambassadeur à Vienne, puis en 1787 au marquis de Béranger, maréchal de camp.

L’hôtel de Marcilly : salon au rez-de-chaussée

Le comte Lambrechts, un aristocrate opportuniste

Après la mise sous séquestre pendant la Révolution, l’hôtel de Marcilly est récupéré par ses héritiers qui le vendent le 1er prairial an IX à Charles Lambrechts (1753-1825). Cet aristocrate belge va mener une habile carrière politique : à la faveur de l’invasion des Pays-Bas autrichiens par l’armée révolutionnaire, il acquiert la nationalité française. Fort ambitieux et habile, il est promu ministre de la Justice sous le Directoire, de 1797 à 1799. Sous l’Empire, Lambrechts change de camp et devient à partir de 1804 un discret opposant à Napoléon 1er, tout en étant élu sénateur. En avril 1814, il vote la déchéance de Napoléon avant les Cent Jours. Elu député sous la Restauration, il rédige pour le compte des parlementaires républicains un projet de constitution de la nouvelle monarchie en 1819.

L’hôtel de Marcilly : le grand salon Louis XVI

La maison d’un artiste collectionneur

En 1843, l’Assistance publique (à qui tous les biens de Lambrechts avaient été légués) vend l’hôtel à Gustave Mailand (1810-1880), artiste peintre et collectionneur. Les murs de la demeure se parent pour quelques temps de toiles de grands maîtres : Rubens, Vélasquez, Fragonard, Van Loo, del Sarte, etc. A cette époque, l’architecte Bonaventure-Amable Ravoisié effectue des travaux importants : le bâtiment sur rue est surélevé de trois niveaux dans un style classique qui s’intègre bien à l’ensemble.

Les Archives généalogiques Andriveau

En 1881, les descendants Mailand cède l’hôtel de Marsilly à une importante étude généalogique dirigée par messieurs Pavy, Andriveau, Schaeffer et Pelletier fils. La famille Andriveau dirige seule aujourd’hui cette prestigieuse étude généalogique, la plus ancienne de France. Cette étude est spécialisée dans les recherches successorales, et non dans les recherches familiales. A l’intérieur, l’hôtel conserve aujourd’hui pas moins de 200 millions de fiches d’état civil constituées au cours des XIXe et XXe siècles. Elles sont conservées dans d’impressionnantes bibliothèques anciennes situées au rez-de-chaussée. Les étages supérieurs abritent les bureaux des chercheurs et juristes.

La cour de l’hôtel n’est pas accessible. Entièrement occupé par le cabinet Andriveau, l’hôtel n’est pas ouvert à la visite.

L’hôtel de Marcilly : la façade sur le jardin

Bibliographie :
BERTY (A.), Histoire générale de Paris. Collection de documents publiés sous les auspices de l’édilité parisienne. Topographie historique du Vieux Paris, Paris, 1876 et 1882, 2 vol. in 8°.
Le faubourg Saint-Germain, collection « Paris et ses quartiers », Henri Veyrier, 1987.
GOULAS (René), Paris qui reste, vieux hôtels, vieilles demeures. La rive gauche et l’île Saint-Louis, Paris, 1924, in-8°.
HILLAIRET (Jacques), Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, 1963.
LEBORGNE (Dominique), Saint-Germain des Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.
LELEUX (Fernand), Un démocrate inconditionnel, Charles Lambrechts, ministre de la Justice sous le Directoire, Paris, 1989, in-8°.

L’hôtel de Marcilly : le bâtiment sur rue

Adresse : 18 rue du Cherche-Midi

Métro : Sèvres-babylone

Arrondissement : 6e

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