Le lycée Camille Sée
« Ce lycée en béton rose, avec sa chaufferie et ses cuisines au mazout, ses escaliers mécaniques, ses ascenseurs pour les professeurs, ses vastes baies et ses terrasses, sa cour intérieure en sous-sol, son passage souterrain, sera le plus moderne de tous nos lycées ». Telle fut l’éloge écrite par le journal l’Intransigeant le 25 septembre 1934 à propos du lycée Camille Sée.
L’architecte François Le Cœur (1872-1934) signe ici sa dernière œuvre considérée comme son chef d’œuvre. Il y démontre encore une fois toutes les possibilités offertes par le béton et fait preuve d’une grande audace pour construire ce véritable monument scolaire. A l’emplacement de l’usine à gaz de Vaugirard, l’architecte imagine un bâtiment monumental en béton armé recouvert de granit rose concassé et doté de spectaculaires baies horizontales.
Autour d’une vaste cour ouvrant sur le square Saint-Lambert s’organisent trois bâtiments de deux niveaux en sous-sol et cinq niveaux en élévation. Le quatrième bâtiment qui ferme la cour n’est élevé que de deux niveaux afin d’offrir une vue sur le square depuis les classes. Si le bâtiment peut paraître austère à l’extérieur, il en est tout autrement à l’intérieur. L’entrée des enseignants se fait par une rotonde vitrée couverte d’une coupole en pavés de verre; elle est situé au niveau de la rue et abrite un élégant escalier hélicoïdal. L’entrée des élève se fait par un pavillon situé dans le square Lambert (il est maintenant fermé) qui est relié au lycée par un souterrain : il débouche dans la cour décaissée d’un niveau.
A l’intérieur, les classes sont axées sur la cour. Elles communiquent avec de vastes halls ouverts qui servent de cour de récréation. Les sols sont habillés de magnifiques mosaïques aux dessins géométriques, toutes différentes à chaque niveau. La cour du lycée est également recouverte d’une spectaculaire mosaïque dessinant un labyrinthe. Pour circuler entre les étages, les enseignants disposent d’ascenseurs tandis que les élèves empruntent des escaliers mécaniques, une grande nouveauté pour l’époque. Ceux-ci ont aujourd’hui été supprimés pour des raisons de sécurité. Les bâtiments sont recouverts de toits-terrasse servant aux cours de gymnastique. Encensé par la presse et la critique, cet établissement fera école : trois lycées parisiens construits peu après adoptent la même configuration : le lycée Hélène-Boucher (12e), le lycée Jean de La Fontaine (16e) et le lycée Claude Bernard (16e).
Pour l’architecte François Le Cœur, voir également l’hôtel André Fontaine, le central téléphonique Bergère, le central téléphonique rue du Temple et rue des Archives, l’annexe du ministère des Postes.
Source :
Lapierre (Eric), Guide d’architecture Paris 1900-2008, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 2008.
Adresse : 11 rue Léon Lhermitte
Métro : Rue du Commerce
Arrondissement : 15e
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