L’architecture moderne
à Nanterre
Un formidable reflet de l’architecture moderne
Nanterre, deuxième ville la plus peuplée des Hauts-de-Seine après Boulogne-Billancourt, offre un formidable reflet de l’architecture moderne du XXe siècle. Ancienne ville de la ceinture rouge, la ville devient en 1968 la préfecture de ce tout nouveau département. Elle va alors se doter d’importants équipements publics tandis que la croissance de sa population entraine la construction de nombreux ensembles de logements sociaux. Rappelons par ailleurs que le quartier d’affaires de la Défense créé en 1958, le premier d’Europe, s’étend en partie sur Nanterre, son emprise comprenant également une portion de Courbevoie et de Puteaux.
De l’esplanade Charles-de-Gaulle à l’ancienne école d’architecture
Notre parcours architectural démarre à la sortie de la station de RER A « Nanterre Préfecture ». Empruntons l’esplanade Charles-de-Gaulle, aménagée en 1988 par l’artiste Dani Karavan et message de paix et de mémoire symbolisant la shoah, et rejoignons le parc André Malraux que nous allons longer vers l’est. Désaffectée, l’ancienne école d’architecture de Nanterre réalisée en 1970 par Jacques Kalisz (1926-2002) et Roger Salem est actuellement en cours de transformation : de cette emblématique architecture modulaire sera conservée la charpente métallique tandis que les nouveaux volumes abriteront prochainement le Campus du Parc, un nouveau quartier étudiant centré sur le pôle Léonard-de-Vinci (composé de plusieurs établissements d’enseignement supérieur).
Du foyer Maurice Ravel aux tours Aillaud
Continuons à longer le parc pour découvrir l’iconique foyer Maurice Ravel : réalisé en 1976-1978 par Jacques Kalisz, cet ensemble de 104 cubes blanc de 30 m2 conçu en duplex accueillait des étudiants en musique. Actuellement à l’abandon et en très mauvais état, cet exemple très réussi d’architecture proliférante est hélas menacé de démolition… Un peu plus loin encore, l’impressionnante skyline des gratte-ciels de la Défense nous fait lever les yeux aux ciels. Faisant la jonction entre le parc et le quartier d’affaires, l’iconique cité Pablo Picasso ne laisse personne indifférent. Livrées en 1981, ces 18 tours d’habitation (un ensemble de 1.600 logements sociaux) sont l’œuvre de l’architecte Emile Aillaud (1902-1988). Devenues l’emblème de la ville, ces tours, baptisées « Nuages » mais communément appelées « tours Aillaud », sont constituées d’un assemblage de cylindres de tailles et de hauteurs variables (les deux plus hautes culminent tout de même à 105 m). Dotées de fenêtres en forme de ronds, de gouttes d’eau ou de carrés aux angles arrondis, elles sont recouvertes de pâtes de verre (réalisées par l’artiste Fabio Rieti) leur donnant l’aspects de nuages se détachant sur l’horizon. Labellisées « Patrimoine du XXe siècle », leur indispensable rénovation thermique est actuellement controversée : les façades en « nuages » devraient laisser place à une enveloppe d’inox masquant la nouvelle isolation par l’extérieur. Un sacré coup de griffe dans le projet d’origine, qui suscite des réactions épidermiques.
De la préfecture aux Archives départementales
Revenons sur nos pas et rejoignons maintenant aux bâtiments situés en bordure de l’avenue Irène et Frédéric Jolliot-Curie. Tout au nord se dresse l’emblématique immeuble de la Préfecture des Hauts-de-Seine, réalisé en 1965-1972 par André Wogenscky (1916-2004), disciple de Le Corbusier, et ses collaborateurs Henri Chauvet et Alain Richard. Au-dessus d’un bloc carré s’élève une tour blanche haute culminant à 113m et comportant 25 étages, elle présente deux grandes façades vitrées rythmées par des brise-soleil saillants et deux façades aveugles. Juste à coté, le Tribunal Judiciaire (1974) réalisé par le même architecte privilégie un rythme horizontal alternant pleins (les panneaux de béton) et vides (les fenêtres en bandeaux). Plus au sud de l’avenue, petit détour par la singulière chapelle Saint-Paul de Nanterre réalisée en1969 dans le style brutaliste par les architectes Etienne Dubroux et Georges Auzenat ; son toit est constitué de deux versants courbés qui s’élèvent et se prolongent par un étroit clocher. La fin de notre périple architectural nous mène au n° 137 de l’avenue, aux Archives départementales des Hauts-de-Seine réalisées en 1979 par Bernard Feypell (1932-2007) et Edward Zoltowski (1937-2022). Ce bâtiment privilégiant les angles arrondis est composé de silos aveugles abritant les archives elles-mêmes, et d’un bâtiment bas abritant les bureaux et privilégiant les angles arrondis (façades, ouvertures).
Pour l’architecte Jacques Kalisz, voir également le lycée professionnel Galilée, la maison de cure La Collégiale.
Pour l’architecte André Wogensky, voir également la Faculté de Santé du campus Saint-Antoine, l’hôpital Necker.
Accès en transports en commun : prendre le RER A direction Saint-Germain-en-Laye et descendre à la station « Nanterre Université ».
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