Ordre National des Pharmaciens
L’hôtel Gaston Menier
Un Empire en chocolat : la famille Menier
On doit à la famille Menier, fabricants de médicaments à base de chocolat, l’invention de la première tablette de chocolat. Fils du fondateur, Emile-Justin Menier développe considérablement l’entreprise. Ses trois fils Henri, Albert et Gaston lui succèderont. En 1878, Gaston Menier (1855-1934) rachète à Georges Michel Keochlin (1816-1882), industriel du textile à Mulhouse, un hôtel particulier en bordure du parc Monceau pour s’y installer avec son épouse, à proximité de l’hôtel particulier de son père (voir l’hôtel Emile-Justin Menier).
Un hôtel particulier néo-Renaissance
Cet hôtel particulier a été édifié en 1875 par l’architecte Jules Pellechet (1829-1903) dans le style de la Renaissance. Pendant cette période d’éclectisme architectural, la Renaissance est l’une des sources d’inspiration favorites des architectes. Sur l’avenue, la façade de l’hôtel est construite dans le style « brique et pierre », courant de le Val de Loire à la Renaissance. Elle est agrémentée de nombreux éléments décoratifs empruntés à cette époque : les moulures des encadrements de fenêtres, la remarquable frise de feuilles d’acanthes et mascarons entre le rez-de-chaussée et le 1er étage.
D’importants travaux d’aménagements
Avant d’emménager, Gaston Menier fait effectuer d’importants travaux intérieurs durant l’année 1879. De cette époque date le grand escalier en bois. Il est orné de douze superbes panneaux en mosaïque italienne de pâte de verre représentant des scènes inspirées de la mythologie. Sous le grand miroir, on peut lire l’inscription « Venise 1879 » et au-dessus en lettres d’or sur fond bleu le monogramme « G M » pour Gaston Menier. Au second étage, l’ancien attique disparaît au profit d’une nouvelle façade traitée dans le style byzanto-vénitien.
Des communs normando-mauresques peu communs
En 1885, l’industriel fait démolir les communs situés à l’arrière et charge l’architecte Henri Parent d’en construire de nouveaux. Bâti en brique et colombages, l’édifice est un pittoresque mélange des styles mauresque et normand. Les baies du second étage et la tourelle en encorbellement copient l’architecture orientale tandis que les poutrelles en métal imitent les colombages normands. Ce bâtiment abrite alors une remise pour 5 voitures, une sellerie et au sous-sol une écurie pour 12 chevaux. Au 1er étage, la famille Menier, qui se pique de théâtre, fait aménager une salle baptisée « le théâtre des folies Ruysdaël ». On y joue comédies ou opérettes, on y donne aussi des bals. Au second étage, une galerie communique avec l’hôtel particulier.
Une demeure marquée par le malheur
En 1892, Gaston Menier perd sa femme en couches. Inconsolable, il décide de se séparer de son hôtel pour oublier le drame qu’il a vécu. Il déménage à proximité dans l’hôtel Abraham de Camondo situé rue du Monceau.
Le siège de l’Ordre National des Pharmaciens
En 1953, l’hôtel Gaston Menier est acquis par l’Ordre National des Pharmaciens qui y installe son siège. Sans doute fortuitement, c’est un clin d’œil à l’histoire puisque le fondateur de la dynastie Menier fabriquait lui-même des médicaments à base de cacao ! Au-dessus du porche de l’hôtel Gaston Menier, le blason est maintenant orné d’un caducée, attribut du dieu Hermès et emblème du corps médical et des pharmaciens. Le siège occupe également l’hôtel particulier mitoyen du n° 6 : bâti en 1867 par l’architecte Henri Parent pour Eugène Jouët, il s’inspire du XVIIIe siècle français.
Un panorama de l’histoire de la pharmacie
Les collections de l’histoire de la pharmacie occupent le pavillon mauresque. Elles comprennent des objets utilitaires (mortiers, pilons, alambics), des pots de pharmacie (notamment des faïences de Nevers), mais également des ouvrages, estampes et affiches. La pièce maîtresse du musée est constituée par le « droguier » conçu par Jules Antoine Brutus Menier : il s’agit de tout l’arsenal de « drogues » utilisées à usage thérapeutique au XIXe siècle, conservées dans 800 pots en verre. Ces collections peuvent se visiter sur rendez-vous, du lundi au vendredi aux heures de bureau : pour prendre rendez-vous, écrivez à contact_app@ordre.pharmacien.fr.
Pour l’architecte Jules Pellechet, voir également les Grands Magasins du Louvre, l’hôtel d’Essling.
Pour l’architecte Henri Parent, voir également l’hôtel Jacquemart-André, l’hôtel Henri Menier, l’hôtel de Boisgelin, l’hôtel Le Marois, l’hôtel André, l’hôtel Emile-Justin Menier.
Source :
Sorel (Philippe), Guide du promeneur 8e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Adresse : 4-6 avenue Ruysdaël
Métro : Monceau
Arrondissement : 8e
Téléphone :