Le lotissement
de l’hôtel de Choiseul
Le financier Pierre Crozat
Cet hôtel particulier est bâti en 1704 par l’architecte Jean-Sylvain Cartaud (1675-1758) pour l’un des hommes les plus riches de France, le financier Pierre Crozat (1661-1740). Grand collectionneur, Crozat possédait près de 400 toiles, essentiellement des peintures italiennes et flamandes.
Le futur ministre Choiseul
L’hôtel échoit ensuite à sa fille Louise-Honorine Crozat du Chatel (1734-1801) et à son gendre, Etienne-François de Choiseul (1719-1785), comte de Choiseul, puis duc de Choiseul-Stainville. Le duc de Choiseul fait une carrière éblouissante : épousant d’abord une carrière dans les armes, il devient lieutenant-général vers 1748 puis maréchal de camp en 1753. Protégé par la marquise de Pompadour, il est ensuite nommé ambassadeur de France en Autriche (1757-1758). Occupant successivement les postes de Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Secrétaire d’Etat à la guerre puis Secrétaire d’Etat à la Marine, il est le principal ministre de Louis XV entre 1758 à 1770 avant sa disgrâce. Il s’exile ensuite dans son château de Chanteloup.
Un passage souterrain sous le boulevard
L’hôtel Crozat s’élevait au niveau des actuels 91-95 rue de Richelieu. Bâti entre cour et jardin, il comportait de grands jardins situés à l’arrière. Un passage souterrain fut même percé sous le boulevard (actuel boulevard des Italiens) pour relier le jardin au potager (situé au nord, à l’emplacement de l’actuel hôtel Drouot). A l’intérieur de l’hôtel, la grande galerie possédait un magnifique plafond représentant La naissance de Minerve peint par Charles de La Fosse.
La démolition de l’hôtel Crozat
En 1780, Choiseul alors très endetté fait démolir l’hôtel Crozat dans un but spéculatif sur les conseils de son ami le banquier Jean-Joseph de Laborde : à la place, il souhaite faire lotir l’immense propriété. Choiseul propose la construction d’une salle de théâtre au centre, le théâtre italien (il sera remplacé plus tard par l’actuel Opéra comique), et tout autour la création d’un nouveau quartier avec rues et immeubles de rapport. Le projet du théâtre est confié à l’architecte Heurtier tandis que l’architecte Louis-Denis Le Camus est en charge de bâtir les immeubles situés autour. Avec l’autorisation de Louis XVI, les rues Favart, Grety, Marivaux, d’Amboise et la place Boieldieu sont ouvertes.
Un lotissement d’une grande homogénéité
Le lotissement forme un ensemble parfaitement homogène. De part et d’autre de rues étroites, les immeubles de rapport présentent les mêmes façades bâties dans le style Louis XVI. Le rez-de-chaussée et l’entresol sont percés d’arcades en plein cintre. Au-dessus, l’étage noble (le premier étage) est percé de grandes fenêtres rectangulaires : précédées de balustrades en pierre, elles sont surmontées d’une corniche reposant sur des consoles se terminant en forme de pomme de pin. Les immeubles sont tous élevés de quatre à cinq niveaux et couronnés par une corniche à denticules.
Pour l’architecte Jean-Sylvain Cartaud, voir également l’hôtel de Boisgelin, le pavillon d’Orléans, la confrérie des Orfèvres, le couvent de la Madeleine de Traisnel, l’église des Blancs-Manteaux, la basilique Notre-Dame des Victoires.
Sources :
Gallet (Michel), Les architectes parisiens au XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Leborgne (Dominique), Guide du promeneur 2e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Adresse : rues Favart, Grety, Marivaux, d’Amboise
Métro : Richelieu-Drouot
Arrondissement : Paris 2
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