La cour administrative
d’Appel de Paris
L’hôtel de Beauvais

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L’hôtel de Beauvais

L’hôtel de Beauvais : la façade sur rue

Catherine Bellier, femme de chambre d’Anne d’Autriche

Catherine Bellier et son mari, Pierre de Beauvais, marchand drapier anobli, font l’acquisition en 1654 d’une maison auprès de Madeleine de Castille, épouse du surintendant des finances Nicolas Fouquet. Entre 1655 et 1660, Antoine Le Pautre (1621-1679), architecte du roi, est chargé de construire pour leur compte cet éblouissant hôtel particulier. Première femme de chambre de la reine Anne d’Autriche, Catherine Bellier occupe une position privilégiée et a toute la confiance de la reine. Anne d’Autriche assiste d’ailleurs le 26 août 1660 à l’arrivée à Paris de son fils Louis XIV et de sa future épouse, Marie-Thérèse d’Espagne, depuis le balcon de l’hôtel de Beauvais.

L’hôtel de Beauvais : la façade sur rue

Une mission très spéciale auprès du jeune Louis XIV

Désignée par la reine Anne d’Autriche, Catherine Bellier reçoit la mission délicate de dépuceler le jeune Louis XIV âgée de 16 ans. Jugée fort laide et surnommée « Cateau-la-Borgnesse » (peut-être était-elle borgne), elle s’acquitte de sa mission et sera récompensée par un titre de baron pour son mari.

L’hôtel de Beauvais : la porte cochère sculptée

Philibert Orry, contrôleur général des Finances

En 1686, Catherine Bellier, ruinée, vend son hôtel particulier au notaire Pierre Savalette qui souhaite le mettre en location. Des travaux de modernisation des appartements sont alors menés par l’architecte Robert de Cotte. En 1706, l’hôtel est racheté par Jean Orry, conseiller du roi. Entre 1730 et 1739, sa fille Elizabeth et son gendre, Antoine Chaumont de La Galaizière, font réaménager les intérieurs par l’architecte Jean-Baptiste Beausire. Puis l’hôtel est habité par l’un des fils de Jean Orry, Philibert Orry. Ce personnage gagne visiblement la confiance du roi puisqu’il sera contrôleur général des Finances, ministre d’Etat et surintendant des Bâtiments de Louis XV.

L’hôtel de Beauvais : la façade sur cour

Le séjour de Mozart

A partir de 1755, l’hôtel est loué par le comte van Eyck, ambassadeur de Bavière. De novembre 1763 à avril 1764, le diplomate y loge pendant cinq mois le jeune Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) venu en tournée à Paris accompagné de ses parents et de sa sœur. Reçu à Versailles par Louis XV, il stupéfie le roi et la Cour par son talent et sa virtuosité, il n’a alors que 7 ans…

L’hôtel de Beauvais : la façade sur cour

La cour administrative d’Appel

Eprouvé par de multiples transformations au cours des XIXe et XXe siècle, l’hôtel de Beauvais est acquis par la ville de Paris en 1943. Il a été entièrement restauré par Bernard Fonquernie, architecte en chef des Monuments Historiques. Depuis 2004, il abrite la Cour Administrative d’Appel de Paris.

L’hôtel de Beauvais : l’aile située à droite dans la cour

Un parti architectural très original

La configuration peu aisée du terrain oblige Antoine Le Pautre à faire preuve d’ingéniosité. A la tradition parisienne de l’hôtel « entre cour et jardin », il substitue un parti très original. Double en profondeur, le logis est placé sur la rue et non en fond de cour comme c’est l’usage à Paris. Le passage cocher mène directement à la cour des communs de forme semi-ovale. Quant au traditionnel jardin qui doit accompagner une fastueuse demeure, il est ici transposé en un jardin suspendu. Masqué de la cour, il est situé au premier étage derrière la galerie qui occupe l’aile droite de la cour. Des deux ailes de la cour, seule celle de droite est réelle, celle de gauche étant en fait un mur-renard aveugle servant de pendant à l’aile droite.

L’hôtel de Beauvais : l’escalier d’honneur.
©www.inventaire.iledefrance.fr – Laurent Kruszyk

Un étonnant vestibule extérieur

Ouvert sur la cour et formant un avant-corps arrondi, l’étonnant vestibule extérieur de forme ovale repose sur huit colonnes doriques. Elles sont surmontées d’une frise de triglyphes et de métopes, et agrémentées par les chiffres PCHB pour Pierre Catherine Henriette Beauvais Bellier. A gauche démarre le somptueux escalier à cage ouverte reposant sur des consoles corinthiennes et décoré d’enfants et de vase de fleurs par le célèbre sculpteur Martin Desjardins.

L’hôtel de Beauvais : la chapelle située au 1er étage en fond de cour

Une chapelle coiffée d’un dôme

Située au-dessus des anciennes remises et écuries en fond de la cour, la chapelle au 1er étage est coiffée d’un dôme carré. Elle est desservie par un petit escalier de forme ovale et muni d’une belle rampe en fer forgé.

L’hôtel de Beauvais se visite parfois au moment des Journées Européennes du Patrimoine qui ont lieu chaque année en septembre.

Pour l’architecte Antoine Le Pautre, voir également l’abbaye de Port-Royal, l’hôtel de Gesvres.

Pour l’architecte Jean-Baptiste Beausire, voir également l’hôtel d’Ecquevilly.

Sources :
Chadych (Danielle), Le Marais, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2010.
Gady (Alexandre), Les hôtels particuliers de Paris, Paris, Parigramme, 2008.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.

Adresse : 68 rue François Miron

Métro : Saint-Paul

Arrondissement : 4e

Téléphone : 01 58 28 90 00