L’abbaye de Port-Royal
de Paris
Les deux abbayes de Port-Royal
Au XVIIe siècle, deux abbayes de l’ordre des Citeaux portent le nom de Port-Royal : celle de Port-Royal des Champs (près de Chevreuse dans les Yvelines) a donné son nom à celle de Port-Royal de Paris. La première fut fondée en 1204 par Mathilde de Garlande sur les conseils de l’évêque de Paris, Maurice de Sully.
Le foyer du Jansénisme
Une réforme de l’abbaye de Port-Royal des Champs est menée à partir de 1608 par la mère Angélique Arnauld. Le monastère devient alors un haut lieu du jansénisme sous l’influence du théologien hollandais Jansenius. Cette doctrine se répand également chez certains savants comme Pascal qui s’y établit.
L’opposition de Louis XIV
A partir de 1626, une partie des religieuses s’installent à Paris dans l’abbaye Port-Royal de Paris, celle de Port-Royal des Champs étant sous-dimensionnée et la forte humidité y étant jugée malsaine. Hostile à l’absolutisme royal, le mouvement janséniste inquiète Louis XIV et le pape par son rayonnement. Sommées par le roi de faire acte de contrition, la plupart des religieuses refusent pourtant d’obéir et quittent l’abbaye parisienne. Elles se réfugient à Port-Royal des Champs. En 1708, une bulle pontificale ordonne la suppression de Port-Royal des Champs : les bâtiments sont démolis et les religieuses dispersées dans d’autres couvents. Cela met fin au jansénisme et à la plus grande crise religieuse en France au cours du XVIIe siècle.
Les Visitandines
A partir de 1668, le monastère parisien est confié aux Dames de la Visitation. Leur mission est l’éducation des filles de bonne famille. En 1681, la duchesse de Fontanges, maîtresse en titre du roi Louis XIV, y meurt à l’âge de 20 ans en donnant naissance à un enfant prématuré.
La maternité Port-Royal
En 1795, la Convention fonde l’hospice de la Maternité : l’accouchement a pour cadre l’ancien noviciat de l’Oratoire et l’allaitement est organisé dans l’abbaye de Port-Royal. A partir de 1814, l’hospice de la Maternité prend le nom de maternité Port-Royal. En 1890, la clinique Baudelocque est créée sur un terrain adjacent à l’abbaye. En 1966, la maternité Port-Royal déménage dans de nouveaux locaux. Le cloître, la chapelle et la salle capitulaire sont intégrés à l’hôpital Cochin situé juste à côté.
Un superbe cloître planté
Invisible du boulevard de Port-Royal, le cloître bâti entre 1652 et 1655 conserve sur trois côtés sa galerie reposant sur des arches assez austères, à l’image du jansénisme. Côté nord, il s’adosse à la chapelle. L’ancien cloître avec son jardin planté est aujourd’hui un lieu paisible librement accessible au public.
Une chapelle inachevée
La chapelle de l’abbaye a été édifiée entre 1646 et 1647 par l’architecte Antoine Le Pautre. Comprenant une nef simple, elle est couverte d’une voûte en berceau. L’entrée se faisait par le bras gauche du transept et non par la façade principale. Cette entrée a aujourd’hui perdu cette fonction à cause de la suppression du perron. Publié en 1652 dans le recueil des œuvres de Le Pautre, ce projet de chapelle prévoyait une riche façade avec portique. Elle n’a malheureusement pas été réalisée. Les religieuses habituées à la rigueur spirituelle ont probablement préféré tempérer l’ardeur de l’architecte. La mère Angélique Arnauld repose sous le chœur de la chapelle. La salle capitulaire des religieuses (non accessible) subsiste également à côté de la chapelle. Un portrait de la mère Angélique y est toujours accroché.
Pour l’architecte Antoine Le Pautre, voir également l’hôtel de Beauvais, l’hôtel de Gesvres.
Sources :
Hillairet (Jacques), Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Edition de Minuit, réédition de 1997.
Guide du Patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : 123 boulevard de Port-Royal
Métro : Port-Royal (RER B)
Arrondissement : 14e
Téléphone :