L’ambassade d’Australie
La naissance du brutalisme
Inspiré des travaux de Le Corbusier à la Cité Radieuse et à Chandigarh (Inde), le brutalisme trouve sa meilleure expression dans les années 1950-1970. Il se caractérise par la mise en œuvre brute du béton : les planches de bois ayant servie au moulage forment sur le béton un motif sans revêtement ni travail décoratif. A Paris, la première grande œuvre brutaliste à marquer les esprits est le siège de l’UNESCO réalisé en 1952-1958 par les architectes Marcel Breuer et Bernard Zehrfuss assistés de l’ingénieur Pier Luigi Nervi.
Harry Seidler, un élève de Breuer
L’architecte choisi pour la réalisation de l’ambassade d’Australie, Harry Seidler (1923-2006) a justement été l’élève de Marcel Breuer et de Walter Gropius à l’université de Harvard. D’origine autrichienne, il est considéré comme l’un des principaux architectes du mouvement moderne en Australie, avec plus de 180 bâtiments à son actif. S’il dessine les plans de l’ambassade, le chantier est suivi par Marcel Breuer tandis que Pier Luigi Nervi en est l’ingénieur béton. Commencé en 1973, l’édifice est achevé en 1978.
Deux bâtiments en quart de cercle
Le site choisi est prestigieux, situé à deux pas de la Tour Eiffel et faisant face au palais de Chaillot. La parcelle en forme de triangle est une contrainte de taille et le programme exige de concevoir deux bâtiments distincts, l’un pour la chancellerie, l’autre pour les logements des diplomates australiens. Pour résoudre cette équation, Seidler opte pour deux bâtiments en quart de cercle placés en quinconce : ils ondulent à la manière de la Seine et forment un S en plan. Les impressionnants pilotis évasés sur lesquels ils reposent sont conçus par Nervi.
L’expression monumentale du béton
Epousant une géométrie et des formes simples, les bâtiments affirment leur monumentalité (qui cadre bien avec une ambassade) par la mise en œuvre brute des matériaux. Ils alternent murs quasi aveugles et façades entièrement sculptées d’ouvertures formant des jeux d’ombre et de lumière.
Pour l’architecte Marcel Breuer, voir également le siège de l’UNESCO.
Sources :
Lapierre (Eric), Guide d’architecture Paris 1900-2008, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 2008.
Martin (Hervé), Guide de l’architecture moderne à Paris, Paris, Alternatives , 2010.
Texier (Simon), Architecture brutalistes Paris et environs, Paris, parigramme, 2019.
Adresse : 4 rue Jean Rey et 5-15 rue de la Fédération
Métro : Bir-Hakeim
Arrondissement : 15e
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