La tour
de Jean sans Peur
L’hôtel de Bourgogne

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de Jean sans Peur
L’hôtel de Bourgogne

La tour de Jean sans Peur

La guerre entre Armagnacs et Bourguignons

Cet hôtel médiéval appartient à la fin du XIIIe siècle à la famille d’Artois puis passe par alliance à la famille de Bourgogne. Au tout début du XVe siècle, entre 1409 et 1411, le duc Jean 1er de Bourgogne, dit Jean sans Peur, fait construire cette tour afin de se protéger. Nous sommes en pleine guerre entre les Armagnacs et les Bourguignons. Le 23 novembre 1407, le duc fait assassiner son cousin, Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI. Craignant des représailles, il se fait construire cette tour fortifiée de 21 mètres de hauteur. La tour communique avec la muraille de Philippe-Auguste et son chemin de ronde : c’est là une issue pratique pour pouvoir s’échapper de l’hôtel – un morceau de cette muraille est d’ailleurs visible dans les caves.

Une demeure médiévale

Coiffée d’un haut comble, la tour se décompose en deux parties. Au sud, vers la rue Etienne Marcel, on distingue trois pièces basses superposées, dont la plus élevée est voûtée d’ogives : ces pièces permettaient d’accéder à la muraille de Philippe-Auguste. Au nord, un escalier à vis dessert une deuxième partie : les étages supérieurs qui occupent toute la superficie de la tour.

La tour de Jean sans Peur : l’extraordinaire voûte de l’escalier à vis

Une voûte remarquable

La voûte de cette vis est tout à fait exceptionnelle : d’un pot central partent des branches de chêne sur lesquelles grimpent du houblon, rejointes par des branches d’aubépine ayant pour origine les murs. Les deux derniers étages constituent la partie fortifiée où se retrancher en cas d’attaque. A l’intérieur, des latrines sont reconstituées : elles ont la particularité de pas être extérieures mais creusées dans l’épaisseur du mur, aboutissant à une fosse en contrebas.

La troupe de l’hôtel de Bourgogne

Dès le début du XVIe siècle, l’hôtel perd sa vocation résidentielle. La Confrérie de la Passion y construit une salle de spectacle en 1548. En 1629, l’hôtel est attribué à la troupe des Comédiens du Roi qui prend le nom de troupe de l’hôtel de Bourgogne. En 1680, la troupe du théâtre Guénégaud (également appelée troupe de Molière) fusionne avec la troupe de l’hôtel de Bourgogne : de leur fusion naît la troupe des Comédiens Français. Elle part alors s’installer au théâtre Guénégaud (rue Jacques Callot, démoli). Cette troupe est à l’origine de la troupe de la Comédie Française.

Une halle aux cuirs

Ayant perdu sa troupe, l’hôtel de Bourgogne est alors dédié à la Comédie italienne. En 1762, la Comédie italienne fusionne avec l’Opéra Comique. En 1767, la salle de spectacle laisse place à la Halle aux cuirs détruite à la fin du XIXe siècle. Quant à la troupe de l’Opéra Comique, elle ira s’établir dans la salle de l’Opéra Comique inaugurée en 1783.

Un précieux témoin de l’architecture médiévale

Il ne reste aujourd’hui plus aucune trace de l’hôtel de Bourgogne à l’exception de la fière tour de Jean sans Peur. Ce témoin majeur de l’architecture médiévale est ouvert à la visite. Chaque année, une exposition sur la vie quotidienne médiévale et une seconde sur l’histoire insolite de Paris sont programmées. Conférences, concerts et animations y sont également organisés. Ce lieu passionnant permet de découvrir des aspects méconnus du patrimoine médiéval parisien.

Horaires d’ouverture : ouvert du mercredi au dimanche de 13h30 à 18h.

Source :
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.

Adresse : 20 rue Etienne Marcel

Métro : Etienne Marcel

Arrondissement : 2e

Téléphone : 01 40 26 20 28