Le couvent des Carmes

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Le couvent des Carmes

Les Carmes Déchaux

Issue de la réforme du Carmel initiée par Thérèse d’Avila et Jean de la Croix, la nouvelle branche de l’Ordre du Carmel souhaite s’implanter en France au début du XVIIe siècle. Ils sont appelés « Carmes Déchaux », manifestant leur retour à la pauvreté par le port de sandales aux pieds. Avec l’appui de la reine Marie de Médicis, trois carmes déchaux, Thomas de Jésus, Denys de la Mère de Dieu et Bernard de Saint-Joseph sont autorisés par le Parlement de Paris à s’installer à Paris en 1611.

La façade de l’église des Carmes

Un couvent à l’orée de la campagne

Situé rue de Vaugirard, le couvent comprend deux cloîtres, plusieurs ailes, de vastes jardins et l’église Saint-Joseph des Carmes. Les frères se rendent célèbres en fabricant l’eau des Carmes à base de mélisse et aux vertus stimulantes qu’ils commercialisent.

L’église Saint-Joseph des Carmes : la nef

Une rare église baroque à Paris

L’église du couvent est construite entre 1613 et 1620 sur le modèle des églises romaines de la Contre-Réforme. Sa façade reste d’une grande sobriété : au rez-de-chaussée, elle est scandée de pilastres corinthiens. A l’étage, deux statues prennent place dans des niches et la façade se prolonge par des ailerons. A l’intérieur, le vaisseau unique surmonté d’une voûte en berceau est bordé de chapelles. Le transept, peu saillant, s’aligne sur les murs extérieurs des chapelles. Invisible depuis la nef, le chœur des moines est masqué, situé derrière le maître-autel.

L’église Saint-Joseph des Carmes : le maître-autel baroque

La deuxième coupole bâtie à Paris

L’originalité de cette église réside dans sa coupole sur tambour d’inspiration italienne. Construite entre 1628 et 1630, c’est la deuxième coupole édifiée à Paris après celle du couvent des Petits Augustins. Les fresques de la coupole représentent la vie du prophète Elie et les Béatitudes, exécutées par le Liégois Bartholomet Flamaël.

L’église Saint-Joseph des Carmes : la coupole

Un petit campanile à l’arrière

Comme la coupole de l’église, ce modeste campanile carré, visible du jardin, s’inspire des campaniles que l’on trouve fréquemment en Italie à la Renaissance.

Le couvent des Carmes : le campanile

De somptueux décors baroques

La proximité du palais du Luxembourg, résidence de la reine Marie de Médicis, explique sûrement la richesse des décors à l’intérieur de l’église. A droite du chœur, la chapelle acquise en 1620 par Pierre Brûlart de Sillery présente un éblouissant décor baroque.

L’église Saint-Joseph des Carmes : la chapelle à droite du chœur et son décor baroque, acquise en 1620 par Pierre Brûlart de Sillery

Les massacres de septembre 1792

Pendant la Révolution française, les religieux sont chassés et le couvent est transformé en prison. Lors des massacres de septembre 1792, 117 religieux réfractaires sont exécutés dans l’église car ils ont refusé de prêter serment à la nouvelle Constitution Civile du Clergé. En 1797, une carmélite, Camille de Soyécourt, rachète le couvent et restaure la vie religieuse.

L’église Saint-Joseph des Carmes : Les reliques des martyrs du 2 septembre 1792 dans la crypte des Martyrs

L’Institut Catholique de Paris

En 1845, le couvent est vendu à l’archevêché. Les anciens Carmes sont affectés alors à l’école des Hautes Etudes Ecclésiastiques. En 1875, Monseigneur d’Hulst y fonde l’Institut Catholique de Paris. En 1867, des travaux de terrassement ont mis à jour des fosses communes où ont été identifiés les restes de plusieurs prêtres massacrés en 1792. Leur crâne sont conservés dans la crypte construite en 1867 sous la coupole. Outre l’ICP, l’ancien couvent abrite le séminaire des Carmes.

L’église Saint-Joseph des Carmes : la crypte ancienne

Des agrandissements successifs

En 1894-1897, l’architecte Gabriel Ruprich-Robert (1859-1953) est chargé d’agrandir l’établissement. Il réalise une vaste extension dans le style néo-normand donnant sur la rue d’Assas, elle-même agrandie à partir de 1927 jusqu’à la rue de Vaugirard. En 1931-1932, l’architecte Paul Tournon est chargé de construire un nouveau laboratoire pour Edouard Branly, professeur à l’ICP, qui avait découvert en 1890 le principe de la radioconduction. Situé sous la cour d’Honneur, le nouvel auditorium de 400 places réalisé par l’agence d’architecture Jean-Marie Duthilleul a été inauguré en 2017.

Le couvent des Carmes : l’extension de la fin du XIXe siècle

Visiter le couvent des Carmes

Le couvent des Carmes se visite souvent au moment de la Fête des Jardins (un week-end de septembre) ou pendant les Journées Européennes du Patrimoine (3e week-end de septembre).

Le laboratoire d’Edouard Branly

Pour l’architecte Paul Tournon, voir également l’église du Saint-Esprit, la Cité Internationale des Arts.

Pour l’agence d’architecture Jean-Marie Duthilleul, voir également la gare Saint-Lazare, la reconversion de l’usine Panhard & Levassor.

Le couvent des Carmes : le jardin

Source :
Guide du Patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Province de Paris des carmes Déchaux

L’auditorium en sous-sol

Adresse : 70 rue de Vaugirard et 21 rue d’Assas

Métro : Rue de Rennes

Arrondissement : 6e

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