Les HBM
Rue de Ménilmontant
L’architecte Louis Bonnier
Louis Bonnier (1856-1946) est architecte voyer de la Ville de Paris à partir de 1884. Au tout début du XXe siècle, il participe à la mise en place d’une réglementation pour le logement social. En 1912, il supervise le 1er concours de HBM de la Ville de Paris. En 1913, Bonnier signe les plans de l’immeuble « à petits loyers » rue des Meuniers. Malgré la modestie des appartements, l’architecte dessine des façades d’une qualité remarquable : il marie un subtil appareillage de brique à des éléments métalliques laissés apparents. L’immeuble de la rue des Meuniers va durablement marquer les esprits et devenir une référence pour les offices de HBM.
Les HBM de la rue de Ménilmontant
A nouveau sollicité par la ville, Bonnier est chargé de construire le plus grand ensemble de HBM (584 logements) de l’entre-deux-guerres. Les travaux durent de 1922 à 1928. Le projet n’est pas facile compte tenu du fort dénivelé de la parcelle de 12.000 m2. Autour d’un square central, une trentaine de bâtiments sont construits parallèlement à la rue de Ménilmontant et implantés en peignes pour une bonne circulation de l’air. A l’intérieur, les logements ont l’eau courante et le chauffage.
La mise en œuvre des bâtiments est très soignée : sur un soubassement en meulière affirmant la solidité de l’ouvrage, les façades de brique s’élancent vers le ciel avec moult détails de mise en œuvre et des jeux de motifs sur la brique. Ces détails pittoresques, ainsi que le choix du matériau, évoquent l’architecture du Nord de l’Europe. Malheureusement, l’architecte est tombé dans le piège d’avoir pensé un espace clos : les bâtiments sont cernés de murs et fermés par une grille ! Les habitants s’y sentent retranchés et isolés du reste du quartier. En 1927, le conseil municipal critiquera d’ailleurs la dimension démesurée de l’ensemble et l’absence de mixité sociale.
C’est un signal d’alarme qui n’empêchera pourtant pas les architectes et urbanistes de réaliser pendant les Trente Glorieuses de grands ensembles avec les problèmes de deal et de ghettoïsation bien connus aujourd’hui. Dans les années 1990, la cité Bonnier fait l’objet d’un réaménagement important dans le but de l’ouvrir sur le quartier. Huit bâtiments sont détruits et la rue Hélène Jakubowicz est ouverte pour mieux relier les immeubles à la ville.
Pour l’architecte Louis Bonnier, voir également la piscine de la Butte-aux-Cailles, le groupe scolaire rue Sextius Michel, les logements à petit loyer rue des Meuniers.
Sources :
Lapierre (Eric), Guide d’architecture Paris 1900-2008, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 2008.
Martin (Hervé), Guide de l’architecture moderne à Paris, Paris, Alternatives, 2010.
Archiwebture
Adresse : 140 rue de Ménilmontant et rue Hélène Jakubowicz
Métro : Pyrénées
Arrondissement : 20e
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