La maison Dorlian
ou hôtel de Silène
Une attribution contestée
La maison Dorlian ou maison d’Orléans, passe à tort pour avoir été construite par l’architecte Pierre d’Orléans (1740-1785). Elle a en fait été bâtie entre 1776 et 1779 par le maître maçon François-René Guyot sans doute dans un but spéculatif. De plan carré, la maison est bâtie entre cour et jardin, son accès se faisant par un 1er bâtiment percé d’un portail donnant sur la rue du Montparnasse. Elevé d’un rez-de-chaussée sur cave et d’un étage carré, l’édifice présente une façade sur cour très sophistiquée tandis que la façade sur le jardin est d’une grande simplicité.
La statue de Silène
Au centre de la façade sur cour, un portique à quatre colonnes ioniques précède le vestibule où se dresse une statue de Silène, une créature de la mythologie grecque : cette statue a donné son nom à cette maison. Le vestibule est encadré de chaque côté par une fenêtre haute donnant sur un petit balcon. Au-dessus du portique, un long bas-relief représente une baccanale. Dans les années 1780, le marquis de Sineti en est le propriétaire. En 1792, elle appartient à Louis Frotier, marquis de La Coste-Messelière (1760-1806), colonel de cavalerie puis ministre plénipotentiaire de Louis XVI auprès du prince Palatin. Rallié aux idées nouvelles, il est acquitté à son procès et met la Révolution à son profit, acquérant de nombreux biens nationaux. Partisans de Bonaparte, il est nommé préfet de l’Allier.
Le collège Stanislas
Dans les années 1830, la maison Dorlian est occupée par une italienne fortunée, Cristini Trivulzio (1808-1871), princesse de Belgiojoso par son mariage. Ayant fui la Lombardie alors sous le joug de l’Autriche, elle s’est réfugiée dans le sud de la France puis à Paris. Dans son salon de la rue du Montparnasse ainsi que dans son hôtel de la rue d’Anjou, elle reçoit les exilés italiens et des artistes tels qu’Alfred de Musset, Heinrich Heine, Frantz Liszt. En 1847, la maison Dorlian est intégrée au collège Stanislas et devient la maison du directeur. Elle est toujours occupée par la direction de l’établissement. L’édifice a hélas perdu son décor de bas-relief ainsi que sa statue de Silène. La façade sur cour, longtemps parasitée par une hideuse aile perpendiculaire, a été restituée et conserve son élégant portique à colonnes.
Source :
Ollagnier (Claire), Petites maisons, du refuge libertin au pavillon d’habitation, Bruxelles, Mardaga, 2016
Adresse : 22 rue du Montparnasse
Métro : Notre-Dame des Champs
Arrondissement : 6e
Téléphone :