L’hôtel Kinsky
Cet hôtel est édifié en 1770 par l’architecte néo-classique Claude-Nicolas Ledoux pour le compte d’Elizabeth de Lamoignon, épouse séparée d’Armand de Gourgues, Président du Parlement de Paris. Afin de séduire sa cliente, Ledoux lui offre avant la construction un modèle réduit (on dirait aujourd’hui une maquette) de sa future demeure. En 1773, la veuve du 2e prince Kinsky von Wichinitz und Tetau, la princesse Kinsky (1729-1794), en fait l’acquisition. Née Marie Léopoldine Palffy d’Erdöd, elle est la petite-fille du célèbre comte Jean Palffy, palatin de Hongrie, qui repoussa les turcs devant Belgrade en 1760.
A partir de 1777, la princesse fait entièrement remanier et redécorer l’hôtel si bien qu’il ne reste plus rien de l’œuvre de Ledoux. L’hôtel est surélevé au XIXe siècle. Au rez-de-chaussée, un salon conserve un plafond peint en 1779 par Simon Julien. Sont également ajoutés une orangerie, une serre chaude et un pavillon chinois au début de la Révolution.
En 1801, la demeure est louée par l’écrivain anglais William Beeckford. Elle devient successivement la propriété du maréchal Lannes (1769-1809), du duc de Gramont, du baron Achille Seillière, puis de sa fille et de son gendre, Boson de Talleyrand-Périgord, prince de Sagan. Quand ils déménagent à l’hôtel de Monaco, les Talleyrand-Périgord louent l’hôtel à l’ambassade d’Espagne de 1881 à 1890. A la fin du XIXe siècle, le poète Charles de Pomairols (1843-1916) y tient un salon littéraire réputé.
En 1919, le banquier Louis Louis-Dreyfus, dont la famille a créé à Paris la banque Dreyfus, fait l’acquisition de l’hôtel Kinsky. Il réalise d’importants travaux dans le bâtiment sur rue. Au titre des biens appartenant aux juifs, la demeure est confisquée pendant la seconde guerre mondiale. Devenu la propriété de l’Etat en 1945, l’hôtel était occupé jusqu’aux années 2000 par un service du Ministère de la Culture.
Estimé à 57 millions d’euros par le service des Domaines, l’hôtel Kinski a pourtant été vendu en 2007 pour la somme de 38 millions d’euros – une ristourne colossale consentie sous la présidence Sarkozy par intérêt politique. L’acquéreur est le cheikh Hamad ben Jassem al-Thani, membre de la famille princière du Quatar, qui fut 1er ministre du Quatar de 2007 à 2013. L’édifice dispose d’un parc de 2.400 m2 avec pièce d’eau et grotte.
Source :
Colin-Bertin (Françoise), Le guide du promeneur 7e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Adresse : 53 rue Saint-Dominique
Métro : Varenne ou Assemblée Nationale
Arrondissement : 7e
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