L’ambassade de Pologne
L’hôtel de Monaco
Un parti architectural original
Marie-Catherine de Brignole (1737-1813), princesse de Monaco, décide en 1772 de faire construire un hôtel sur l’une des dernières parcelles disponibles du faubourg Saint-Germain. Elle vient de se séparer de son mari, Honoré Goyon de Grimaldi, prince de Monaco (voir l’hôtel Matignon). L’architecte Alexandre-Théodore Brongniart opte pour un parti original. Au traditionnel hôtel entre cour et jardin occupant toute la largeur de la parcelle, il préfère une allée de platanes menant à un grand pavillon à l’italienne entouré de verdure. La façade principale comporte 9 fenêtres cintrées séparées par des colonnes engagées d’ordre dorique. Au milieu, un péristyle semi-circulaire équilibre la façade. Entre le rez-de-chaussée et le premier étage, l’entablement est décoré d’une frise de triglyphes. L’hôtel est double en profondeur. L’entrée se fait par un vestibule ovale. Les salons de réception se situent à droite, les appartements de la princesse à gauche. L’escalier en demi-cercle mène à l’étage.
Un hôtel entièrement reconstruit
En 1790, la princesse de Monaco émigre en Angleterre. Loué à l’ambassadeur d’Angleterre, le palais est successivement occupé par la Commission des Secours publics, puis par l’ambassade de Turquie. L’abbé Sieyès l’occupe ensuite, puis le vend en 1808 au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt. A la mort du maréchal en 1823, sa veuve loue l’hôtel au comte Apponyi, ambassadeur d’Autriche. En 1838, la demeure est vendue à William Williams-Hope (1802-1855), le fils d’un banquier anglais installé à Amsterdam. Hope jouit d’une immense fortune et donne des fêtes grandioses. Il va faire reconstruire l’hôtel par l’architecte Achille-Jacques Fedel entre 1838 et 1841. Le nouvel édifice s’inspire des plans de Brongniart mais il est édifié dans un style plus sévère. La façade comprend désormais 11 travées. Elle se prolonge par deux grandes ailes sur la cour. Le nouveau péristyle, rectangulaire cette fois-ci, est soutenu par quatre colonnes doriques. Le jardin est profondément modifié : terrasse, fontaine, grotte, serres sont ajoutées.
La princesse de Sagan
A l’intérieur, les salons sont décorés avec un luxe inouï dans le style néo-Renaissance ou néo Louis XIV. Ils servent à mettre en valeur les magnifiques collections de mobilier et de peintures de Hope. Un grand escalier droit couvert d’une voûte à caissons mène à la galerie à l’étage. Les peintures des plafonds, d’inspiration italienne, sont l’œuvre de Philippe Camairas (1803-1875). A la mort de Hope en 1855, l’hôtel est vendu au baron Achille Seillère, riche banquier. En 1873, sa fille Jeanne et son gendre, Boson de Talleyrand-Périgord, prince de Sagan, en héritent. La demeure devient alors le cadre de fêtes somptueuses. Chaque année, le bal costumé donné par la princesse de Sagan est l’événement mondain dont tout Paris parle.
L’antiquaire Jacques Seligmann
De 1909 à 1936, l’hôtel de Monaco est la propriété de Jacques Seligmann. Ce grand antiquaire a pour clients les plus grands collectionneurs : Moïse de Camondo, le baron Edmond de Rothschild, JP Morgan ou encore William Randolph Hearst.
L’ambassade de Pologne
En 1936, la république polonaise fait l’acquisition de l’hôtel de Monaco et y installe son ambassade. L’hôtel de Monaco est parfois ouvert au public pendant les Journées Européennes du Patrimoine qui ont lieu chaque année en septembre.
Pour l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart, voir également le couvent des capucins, l’hôtel de Montesquiou-Ferenzac, l’hôtel de Bourbon-Condé, l’hôtel Masseran, le palais Brongniart, l’hôtel de Besenval, l’hôtel de Montmorin, la maison de l’architecte Brongniart, l’église Saint-Louis d’Antin.
Sources :
Bertin-Colin (Françoise), Guide du promeneur 7e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : 57 rue Saint-Dominique
Métro : Varenne
Arrondissement : 7e
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