L’hôtel Potocki

L’incarnation du classicisme français

A la place de l’hôtel particulier appartenant à son père, le comte Félix-Nicolas Potocki originaire d’une richissime famille polonaise fait reconstruire un édifice plus vaste entre 1878 à 1884 par l’architecte Jules Reboul. Sur l’avenue, la façade est centrée sur un extraordinaire pavillon : des groupes de colonnes ioniques encadrent la porte principale en bronze créée par la maison Christofle. Ces groupes sont repris à l’étage mais avec des colonnes corinthiennes. De chaque côté du pavillon, la façade est scandée de hautes fenêtres en plein cintre au rez-de-chaussée, rectangulaires à l’étage, et rythmée par deux pavillons saillants. A l’arrière, l’hôtel donne sur un grand jardin.

 

De somptueux décors intérieurs

A l’intérieur, un luxe exceptionnel est donné aux décors et éléments structurels comme le grand escalier ou les colonnes. Ainsi, l’escalier d’honneur à volée double est entièrement habillé de panneaux de marbre et décor de bronzes. Au rez-de-chaussée comme aux deux étages, les nombreux salons sont majoritairement décorés de boiseries de style Louis XV, et parfois de style Louis XIV ou Louis XVI. Au second étage subsistent les décors de la chambre de la comtesse Potocka.

Un couple de mécènes

Avec son épouse, la princesse italienne Emmanuella Pignatelli, le couple donne des fêtes grandioses et reçoit de nombreux artistes : Jacques-Emile Blanche, Jean-Louis Forain, Léon Bonnat, le peintre Edouard Detaille, Marcel Proust, les musiciens Gabriel Fauré et Ignace Paderewski, Guy de Maupassant, Paul Bourget ou encore le célèbre mondain Robert de Montesquiou. Un tableau de Jean Béraud au musée Carnavalet immortalise l’une de ces somptueuses soirées.

La Chambre de Commerce de Paris

A la mort du comte Potocki en 1922, l’hôtel est vendu à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris qui en est toujours propriétaire. Malheureusement, les magnifiques écuries donnant sur la rue Chateaubriand sont rasées. Deux ailes vont alors être ajoutées : l’une à la place des écuries et communs, l’autre donnant sur la rue Balzac. A l’intérieur, le grand décorateur Jacques-Emile Ruhlmann réalise les décors de la salle des Lustres (dans l’aile rue Balzac) et de la salle des Cuivres (dans l’aile rue de Chateaubriand).

Des espaces de bureaux

A l’été 2025, la CCI de Paris libère les lieux et emménage dans des locaux situés dans les rues Léon Jouhaux et Yves Toudic. Restant propriétaire de l’hôtel, elle a signé un bail bail emphytéotique de 80 ans avec Osae Partners, société de gestion spécialisée dans l’immobilier. La rénovation des intérieurs est menée par les agences d’architecture H20 et Eugène. D’une superficie de 14.000 m2, l’hôtel Potocki offrira à ses futurs locataires des bureaux Premium, ultra modernes pour la plupart, entièrement rénovés pour les espaces inscrits ou classés.

Pour le décorateur Jacques-Emile Ruhlmann, voir également la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, le théâtre de la Michodière.

Sources :
Sorel (Philippe), Guide du promeneur 8e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Osae Partners