L’hôtel de Montholon
Les plus grands architectes français à l’œuvre
Pavée en 1778, la partie ouest des Grands Boulevards devient alors l’un des quartiers de prédilection de la noblesse et de la finance parisienne. Les plus grands architectes français sont sollicités pour construire d’éblouissants hôtels particuliers surplombant les boulevards plantés d’arbres : Etienne-Louis Boullée, Claude-Nicolas Ledoux, Théodore Brongiart, François Soufflot le Romain. Hélas, seuls deux hôtels ont été épargnés par la spéculation immobilière qui a engendré leur destruction au XIXe siècle : l’hôtel de Montholon et l’hôtel de Mercy-Argenteau.
Un hôtel particulier qui préfigure les immeubles de rapport
En 1785, François Soufflot le Jeune, dit le Romain (neveu du grand Soufflot), est en charge de la construction d’un hôtel particulier pour le compte de Nicolas Montholon, président au Parlement de Normandie. Il confie le projet à l’habile dessinateur et architecte Jean-Jacques Lequeu. L’hôtel est organisé en six appartements, ce qui laisse à penser qu’il s’agit d’un immeuble à usage d’habitation collective. Le peintre d’histoire Jean-Baptiste Robin participe à la décoration intérieure. Cet hôtel est publié dans l’un des célèbres recueils de dessins de Krafft et Ransonnette.
Une demeure de style néoclassique
Par sa sobriété et son style antique, l’édifice illustre l’engouement pour le style néoclassique à Paris à cette époque. Appareillée à refends horizontaux, la façade sur le boulevard comporte à l’origine un soubassement et deux niveaux. Aux lignes horizontales prédominantes (refends, balustrades, entablement) s’oppose l’effet monumental du portique central soutenu par six colonnes ioniques utilisant l’ordre colossal. La terrasse du premier niveau offre une vue très privilégiée sur le boulevard. L’hôtel a été surélevé ultérieurement. A l’intérieur, les décors du petit et du grand salon, auxquels le peintre d’histoire Jean-Baptiste Robin participa, sont restés intacts.
Un foyer républicain
Après 1826, l’hôtel sert de dépôt puis de boutique aux manufactures Sallandrouze de Lamornais, établies à Aubusson, qui fabriquent tapis et tapisseries. A partir de 1872, la demeure abrite le salon d’un couple de farouches républicains, l’homme politique Edmond Adam (1816-1877) et son épouse Juliette Lambert (1836-1936). L’hôtel devient le point de ralliement des Républicains opposés à Napoléon III, auquel Léon Gambetta participe. Détachée de la politique, Juliette Adam fondera ensuite La Nouvelle Revue, une revue littéraire où elle encourage notamment les jeunes auteurs, tels Pierre Loti ou Alphonse Daudet.
Pour l’architecte François Soufflot le Romain, voir également le Conservatoire national des Arts et Métiers.
Sources :
Leborgne (Dominique), Guide du promeneur 2e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : 23 boulevard Poissonnière
Métro : Grands Boulevards
Arrondissement : 2e
Téléphone :