Les volumes résiduels
sous la dalle de la Défense
20.000 (m2 de) lieux sous la dalle
Conçu au début des années 60, le quartier de la Défense fait partie des nouveaux quartiers construits sur dalle à une époque où le zoning des fonctions (vivre/travailler/circuler/se divertir) était le must des conceptions urbanistiques (on sait depuis qu’il est de loin préférable à l’inverse de mixer les fonctions dans la ville). Or, depuis près de 60 ans, les volumes résiduels situés sous la dalle sont inexploités et laissés à l’abandon… Ils font d’ailleurs l’objet de nombreuses interrogations qui alimentent les fantasmes des curieux : y-a-t-il des « free party » organisées là-dessous ? Sont-ils squattés ? Y-a-t-il du Street Art à voir ? Par où peut-on y accéder ? Est-ce ouvert au public (réponse : très rarement…) ?
Révéler et valoriser les espaces résiduels
L’établissement public Paris La Défense a lancé en 2019 un concours international visant à révéler ces espaces résiduels au public et à les valoriser pour en faire des lieux vivants et animés. Lauréate de ce concours en 2020, l’agence belge d’architecture Baukunst a imaginé trois axes comme réponse : mettre clairement en liaison la dalle piétonne et les espaces souterrains ; créer une continuité entre les différents espaces résiduels qui sont pour l’instant compartimentés ; valoriser ces lieux par des expériences artistiques ou des animations événementielles ou par d’autres vocations restant à identifier.
Un accès clairement identifiable sur l’Esplanade
L’accès aux dessous de la dalle se ferait au niveau de la place de la Statue (la dite Statue de la Défense a été déplacée sur la dalle où elle est visible) située en contrebas de la fameuse fontaine multicolore d’Agam. Un grand Anneau formerait une passerelle circulaire partant du niveau de l’Esplanade et descendant vers une « place basse », y faisant pénétrer une lumière naturelle : actuellement ces volumes sont complètement aveugles et de plus situés sous deux niveaux de parking…
Quatre espaces reliés par une promenade public
Evoquant les passages couverts parisiens, une promenade horizontale permettra de cheminer à travers quatre espaces identifiés qui seront décloisonnés et reliés : le « Monstre » ou Atelier Moretti, à la fois installation gigantesque et testament artistique du sculpteur Raymond Moretti (décédé en 2005), autrefois ouvert au public et d’une superficie de plus de 2.000 m2 ; la « Cathédrale », un volume de 5.000 m2 dont la hauteur sous plafond varie de 6 à 11 mètres ; l’espace FNAC (Fonds National d’Art Contemporain) où sont conservées plus de 90.000 œuvres artistiques dans un volume de 4.500 m2 ; et enfin « les bassins », l’espace les plus profond, le seul touchant la terre ferme du sol naturel et constitué de plusieurs bassins représentant une surface de 4.500 m2.
De nombreuses problématiques à résoudre
Aménager des espaces accessibles au public situés sous une dalle de béton et deux niveaux de parking représente un véritable casse-tête pour les architectes compte tenu des multiples problématiques à résoudre : garantir un accès sécurisé à un public nombreux (actuellement seulement 19 personnes maximum sont autorisées à y déambuler) ; ventiler ces espaces et assurer une évacuation des fumées en cas d’incendie ; prévoir des sorties de secours ; faire pénétrer une lumière naturelle dans les espaces ; garantir une bonne isolation phonique (de chaque côté et sous ces espaces circulent automobiles, RER et rames de métro).
Des vocations multiples encore à inventer
Quelles vocations imaginer pour ces lieux oubliés ? L’art contemporain semble une évidence, avec la présence assez magique du « Monstre » de Raymond Moretti et le dialogue qui s’instaurerait avec la soixantaine d’œuvres d’art déjà visibles sur la dalle. Plusieurs graffiti monumentaux présents sur les murs de béton seraient également révélés. Des projections numériques dans des espaces laissés aveugles trouveraient assez naturellement leur place aussi… mais rien n’est actuellement figé ni arrêté, peut-être une programmation mixte laissant aussi la place aux loisirs ou au sport.
Armez-vous de patience maintenant car les travaux d’aménagement pour ce projet sont considérables et pourraient prendre jusqu’à huit ou dix ans ! L’établissement public de la Défense doit d’abord s’assurer d’avoir trouvé les bons partenaires pour animer les lieux et les faire vivre. Exceptionnellement, ces mythiques espaces résiduels peuvent être ouverts à la visite. Ils l’ont été récemment dans le cadre du festival d’art contemporain « Les Extatiques » programmé chaque année.
Adresse : esplanade de la Défense
Métro : Grande Arche de la Défense
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