Le siège
du journal La France
Le quartier historique de la presse
Situé entre la rue Réaumur et l’Opéra Garnier, ce quartier concentre la plupart des grands journaux à la fin du XIXe siècle. Il est surnommé « la République du Croissant ». A l’emplacement de l’ancien cimetière Saint-Joseph, un immeuble de rapport est bâti en 1885 au n°144 rue Montmartre par l’architecte Ferdinand Bal. L‘édifice abrite successivement plusieurs journaux : le Radical, l’Aurore, l’Univers, le Jockey, la Patrie, la Presse, la France. Sur sa façade, deux cariatides et deux atlantes personnifient le journalisme et la typographie.
Le journal La France
Fondé en 1862 par Arthur de La Guéronnière, le journal La France est racheté en 1874 par Emile de Girardin, ancien fondateur du journal La Presse. Le 144 rue Montmartre va devenir le siège du journal. Le nom « La France » est encore gravé sur la façade de l’immeuble. De 1897 à 1914, l’immeuble est occupé par la rédaction du journal l’Aurore. Fondé par Ernest Vaughan, l’Aurore est un journal de tendance républicaine socialiste. Il ne doit pas être confondu avec son homonyme, le journal l’Aurore fondé en 1944 et rattaché au Figaro en 1985.
La tribune « J’accuse! » d’Emile Zola
Depuis la rédaction de l’Aurore, l’écrivain et journaliste Emile Zola (1840-1902) publie le 13 janvier 1898 une célèbre tribune destinée au président de la République Félix Faure : « J’accuse ! ». Cet article fait la lumière sur l’injustice de l’affaire Dreyfus : le capitaine Alfred Dreyfus, un officier français d’origine juive, a été accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne. Et bien que son avocat Edgard Demange ait démontré l’insuffisance de preuves, Dreyfus a été jugé coupable et condamné à la déportation à vie. Cette tribune a un retentissement considérable en France et à l’étranger. Il fait également passer le tirage de l’Aurore de 30.000 à 300.000 exemplaires. Pourtant, Zola est assigné pour diffamation et il doit s’exiler en Angleterre. Il en reviendra l’année suivante. L’acquittement de Dreyfus sera long à venir. Un 2e jugement le condamne à nouveau en juin 1899. Il est condamné à 10 ans d’emprisonnement mais le président de la République, Emile Loubet, le gracie dix jours plus tard. Le jugement ne sera cassé qu’en 1906. Dreyfus sera enfin réintégré dans l’armée.
Source :
Leborgne (Dominique), Guide du promeneur 2e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Adresse : 144 rue Montmartre
Métro : Sentier ou Bourse
Arrondissement : 2e
Téléphone :