Représentation de Taïpei
L’hôtel Hocquart
En 1754, le banquier Pierre Salle et son beau-frère Jacques Hocquart, trésorier général de l’artillerie, font bâtir deux hôtels sur une même parcelle ayant appartenu à Jules Hardouin-Mansart. Ils font appel à l’architecte Jean Damun. Les deux hôtels sont identiques et se font face côté jardin. L’hôtel Hocquart donne sur la rue de l’Université et l’hôtel de Lannion sur la rue de Bourbon (actuelle rue de Lille). Il s’agit en fait de deux hôtels locatifs que n’habiteront pas les commanditaires. Les deux hôtels présentent le même parti architectural. Côté jardin, la façade est animée par un avant-corps central à pans coupé, orné au niveau du 1er étage par des pilastres ioniques doubles encadrant la baie et au niveau du comble par un fronton triangulaire.
Sur la cour, l’hôtel Hocquart présente une travée centrale en ressaut. Au rez-de-chaussée, deux pilastres doriques encadrent la porte d’entrée ; ils soutiennent l’entablement décoré par une frise de triglyphes. Les pilastres doriques se répètent au niveau de la fenêtre du 1er étage. Au rez-de-chaussée, les grandes fenêtres sont rectangulaires tandis qu’à l’étage, elles sont cintrées, comme c’est souvent le cas dans le style Louis XV. Cet hôtel fut d’abord loué à Monsieur de Saint-Priest. Après 1780, le comte de Vaudreuil, locataire de l’hôtel de Lannion, aurait sous-loué cet hôtel à la comtesse Gabrielle de Polignac (1749-1793), favorite de la reine Marie-Antoinette et gouvernante des enfants de France.
En 1811, l’hôtel est vendu à Charles de Montmorency (1768-1846), duc de Montmorency, qui fait carrière dans les armes, sous Louis XVI puis sous l’Empire. En 1814, il est affecté à la garde nationale de Paris et chargé de défendre la capitale face aux armées étrangères qui s’en rendront maître grâce à leur supériorité. A l’intérieur, le duc fait modifier les décors et la distribution par l’architecte Frœlicher. L’hôtel prend alors le nom d’hôtel de Montmorency. La demeure est ensuite la propriété du duc de Massa puis à partir de 1853 du comte de Laubespin. A cette époque, l’hôtel est modifié : l’actuel bâtiment sur rue et le portail sont édifiés tandis que dans la cour, une grande véranda précède le logis.
En 1931, la couturière Jeanne Paquin et son mari, Jean-Baptiste Noulens (ambassadeur de France en Russie en 1917), s’établissent dans l’hôtel. Ils font transformer les écuries en salle à manger ; les nouveaux décors sont conçus par le maître verrier René Lalique. Ensuite, l’hôtel a abrité le siège de la Compagnie des Chemins de fer du Midi. Il a été restauré de 1982 à 1985 par l’architecte Francis Chirot et le décorateur Jean Prudhomme-Bené pour le compte de la compagnie « la Prévoyance ». A cette occasion, les différentes adjonctions ont été démolies afin de restituer l’hôtel dans sa composition d’origine. A l’intérieur, le grand salon sur le jardin conserve des boiseries Louis XV décorés de rinceaux, rocailles et d’amours. Les portes sont surmontées de peintures à sujet mythologique : Apollon, Junon, Flore, Amphitrite, Bacchus. L’hôtel de Montmorency est actuellement occupé par la Représentation de Taipei (Taïwan) en France. En semaine, le portail est ouvert et la façade sur cour de l’hôtel est visible.
Pour l’architecte Jean Damun, voir également l’hôtel de Lannion.
Sources :
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Mengès, Paris, 1995.
Leborgne (Dominique), Saint-Germain des Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.
Le Faubourg Saint-Germain, collection « Paris et ses quartiers », Editions Henri Veyrier, 1987.
Adresse : 78 rue de l’Université
Métro : Solférino
Arrondissement : 7e
Téléphone : 01 44 39 88 30