L’hôtel de Chalais
ou hôtel de Sainte-Aldegonde
Un hôtel particulier construit sous la Régence
Cet hôtel particulier a été bâti avant 1720 sous la Régence. Son élégante façade sur rue comporte seulement trois travées. Trois arcades en plein cintre englobent le rez-de-chaussée et l’entresol ; leur clef est décorée de mascarons sculptés. L’arcade centrale est le portail ouvrant sur le porche menant à la cour intérieure. Les fenêtres décroissantes des 1er et 2e étage sont cintrées, caractéristiques de l’époque Louis XV. La corniche saillante séparant le 1er et le 2e étage repose sur d’élégantes consoles sculptées encadrant les baies du 1er étage. Les fenêtres sont dotées de garde-corps finement ciselés.
De somptueux décors intérieurs
A l’intérieur, les étages sont desservis par un grand escalier doté de superbes ferronneries. Apparu sous la Régence, le goût pour les petits appartements aménagés à l’entresol s’illustre dans cet hôtel où subsiste un petit salon habillé de boiseries. Ces petites pièces offraient en effet bien plus de confort en hiver. Au 1er étage, le grand salon conserve de très belles boiseries Louis XV, des peintures de fleurs aux dessus de portes et des glaces surmontées de médaillons et de petits bustes de femmes aux angles. Un petit boudoir décoré de boiseries Louis XVI subsiste également à cet étage. Le second étage présente la même disposition que le premier étage, avec des pièces tendues de tapisseries.
Le prince de Chalais
Le premier propriétaire connu de cet hôtel est Henri Royal, seigneur de Montpellier. En 1722, il loue la demeure à Louis-Jean-Charles de Talleyrand, prince de Chalais et à son épouse, Marie-Françoise de Mortemart. Le prince de Chalais occupe la fonction de gouverneur du Berry à partir de 1737 et décède en 1757. En 1731, l’hôtel est vendu à Etienne Hallé, seigneur de la Motte Saint-Jean, mais reste loué aux Chalais. Après Etienne Hallé, son fils Etienne-Pierre Hallé d’Airval lui succède comme propriétaire après 1741, et après lui ses deux nièces, Madame Noblet de Romegny et Madame Parlier de Rubelles, toutes deux épouses de conseillers au Parlement. Les Parlier de Rubelles conservent l’hôtel jusqu’en 1816.
Le comte de Sainte-Aldegonde
En 1822, l’hôtel est acquis par M. de Gourgues, conseiller à la Cour des Comptes. Ses héritiers le cèdent en 1852 au comte Gaston de Sainte-Aldegonde, ancien page du roi et pair de France, qui laisse son nom à l’hôtel. En 1890, les héritiers Sainte-Aldegonde vendent la propriété à l’abbé Descours qui y établit l’école Saint-Germain. Au XXe siècle, l’hôtel a appartenu à Monsieur Larcade, célèbre antiquaire. Puis il fut acquis par M. Jean Serruys, qui mit toute son énergie à redonner toute sa splendeur à cette belle demeure Régence. C’est encore aujourd’hui une propriété privée.
Sources :
Hillairet (Jacques), Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Les Editions de Minuit, réédition de 1997.
Le Faubourg Saint-Germain, Editions Henri Veyrier, Paris, 1987.
Adresse : 102 rue du Bac
Métro : Rue du Bac
Arrondissement : 7e
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