Centre d’études des Nabis
L’hôtel de Mailly-Nesle
Un hôtel est bâti à partir de 1633 par le maître maçon Etienne Goussault pour le compte de Jean de Monchy, marquis de Montcavrel. En 1680, l’architecte Libéral Bruant est chargé d’embellir la demeure : il fait appel à l’ornemaniste Jean II Berain pour le décor de grotesques et d’arabesques peints destinés à habiller les murs et plafonds. Entre temps, l’hôtel s’est transmis en 1666 à la fille du marquis de Montcavrel et à son époux, le marquis de Mailly, qui va laisser nom à la demeure. Leur descendant, Louis III de Mailly, marquis de Nesle, aura cinq filles restées célèbres : quatre (Louise, Pauline, Diane et Marie-Anne) seront les maîtresses successives du roi Louis XV, grand amateur de femmes.
Sous la Révolution, Augustin-Joseph de Mailly (1708-1794), maréchal de France, est propriétaire de l’hôtel. Chargé de défendre les Tuileries lors de la journée du 10 août 1792, il échappe au massacre mais est finalement guillotiné le 25 mars 1794 à Arras, à l’âge de 85 ans. L’hôtel est acquis en 1798 par Madame Bertrand-Kanguen. Elle fait réaliser un salon Directoire avec un décor à l’antique. Composé de figures féminines, de cygnes, de lions ailés et de harpes, il subsiste au 2e étage de l’aile orientale.
En 1827, l’écrivaine Marie de Flavigny (1805-1876), tout juste mariée avec le comte d’Agoult, réside dans cette demeure. Le morcellement de l’hôtel, qui s’étend du quai Voltaire à la rue de Lille et longe la rue de Beaune, en 7 lots est décidé en 1868 par son propriétaire, le notaire Guénoux.
Une partie de l’hôtel est conservée aux n°29-31. En 1941, cette partie est acquise par le Journal officiel. A partir de 1967, la Documentation française, en charge de diffuser la documentation administrative française, récupère les n°29-31 : les bâtiments anciens sont remplacés par les actuels, absolument hideux. L’aile orientale, qui longe la rue de Beaune, est l’unique vestige de l’hôtel de Mailly-Nesle. En 2012, France Domaine décide de mettre en vente les bâtiments de la Documentation française. En 2016, le musée d’Orsay décide de racheter une partie des bâtiments : le centre d’études des Nabis et du Symbolisme y est installé, ainsi que la bibliothèque et le centre de documentation du musée.
A l’intérieur de l’aile orientale, quelques décors de grande qualité sont conservés : l’ancienne chambre à coucher de madame de Châteauroux (Marie-Anne de Mailly-Nesle), favorite de Louis XV, a gardé un magnifique plafond exécuté d’après le dessin de Jean II Berain (les boiseries ont été remontées au château de Laborde à Vernou-en-Sologne). Un salon habillé de boiseries en bois naturel d’époque Régence fait aujourd’hui office de bureau.
Source :
Leborgne (Dominique), Saint-Germain des Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2010.
Adresse : 29 quai Voltaire et 2-4 rue de Beaune
Métro : Rue du Bac
Arrondissement : 7e
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