L’hôtel de Fürstenberg
L’architecte Pierre Delisle-Mansart
L’architecte Pierre Delisle-Mansart (1641-1710) est le petit-neveu du grand architecte François Mansart qui l’a d’ailleurs élevé. Son œuvre la plus connue est l’hôtel du Grand Prieur, situé dans l’enclos du Temple, fâcheusement démoli au XIXe siècle.
Comme plusieurs de ses confrères, Delisle-Mansart se fait promoteur pour saisir de belles opportunités financières. Dans le dernier quart du XVIIe siècle, il mise sur le faubourg Saint-Germain, quartier de la rive gauche qui commence à attirer une clientèle aristocratique.
Un hôtel entre cour et jardin
En 1687, Pierre Delisle-Mansart achète un terrain correspondant à l’actuel n°75 rue de Grenelle. En août 1688, il passe un marché avec le maître-maçon Charles Gabriel pour la construction d’un corps de logis entre cour et jardin.
Un portail placé en biais ouvre sur la cour. Il est surmonté d’une terrasse qui devait relier l’aile gauche (démolie) et l’aile droite. Donnant sur la rue, l’aile droite est magnifiquement décorée de trophées guerriers (casques, carquois remplis de flèche, épées, boucliers) au niveau des fenêtres du 1er étage.
Dans la cour, l’aile droite est percée d’un passage qui mène à la basse-cour. Au fond de la cour se dresse le logis, large de 5 travées; il est doté de grandes baies cintrées au rez-de-chaussée. A l’arrière, la façade donnant sur le jardin est plus large ; elle se déploie sur 11 travées.
La comtesse de Fürstenberg
S’étant trop endetté, Delisle-Mansart vend l’hôtel en 1693 à la comtesse de Fürstenberg afin de rembourser ses dettes. La comtesse, née Marie-Catherine de Wallenrod, est la veuve d’Egon de Fürstenberg, tué devant Belgrade en 1686. Elle est la nièce par alliance du cardinal de Fürstenberg, abbé de Saint-Germain-des-Prés qui, précise Saint-Simon, en était fort amoureux.
Le comte de Tessé
La comtesse de Fürstenberg habite son hôtel jusqu’en 1708, époque à laquelle elle le vend à René III de Froulay (1648-1725), comte de Tessé. Cet aristocrate très ambitieux réussit à faire une très belle carrière dans les armes : d’abord aide de camp du roi, il devient colonel des dragons, lieutenant-général (1680), colonel-général des dragons, ambassadeur extraordinaire auprès de la cour de Savoie, maréchal de France (1703), puis ambassadeur à Rome en 1708, année où il achète l’hôtel de la rue de Grenelle. Saint-Simon, jamais avare de compliments, le décrit « digne de son pays, fin, adroit, ingrat à merveille, fourbe et artificieux de même… ».
Le marquis de La Vrillière
En 1717, Louis Phélypeaux (1672-1725), marquis de La Vrillière, secrétaire d’Etat, fait l’acquisition de la demeure. Par héritage, elle se transmet à ses fils, Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, et Jean-Frédéric Phélypeaux de Pontchartrain de Maurepas. Elle passe ensuite aux Moreton-Chabrillan.
En 1824, l’hôtel est vendu à la princesse de Talmont, veuve de Philippe de La Trémoille. En 1853, il est cédé à Auguste de Gallifet, futur général et ministre de la Guerre. Acquis par le baron Hervé-Gruyer en 1904, cette magnifique demeure appartient toujours à ses descendants.
Pour l’architecte Pierre Delisle-Mansart, voir également l’hôtel de Mortagne, l’hôtel Delisle-Mansart.
Sources :
Colin-Bertin (Françoise), Guide du promeneur 7e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Le Faubourg Saint-Germain, collection « Paris et ses quartiers », Paris, Editions Henri Veyrier, 1987.
Adresse : 75 rue de grenelle
Métro : Rue du Bac
Arrondissement : 7e
Téléphone :