Le siège de Kenzo
L’hôtel Castelan
L’architecte Jacques Bruand
A l’origine, cet hôtel est bâti en 1660 pour le financier François Castelan. L’architecte est Jacques Bruand (1624-1664), frère aîné de Libéral Bruand (écrit aussi « Bruant »). Moins connu que son frère Libéral, il est l’auteur de la remarquable façade du bureau des Marchands-drapiers, remontée au musée Carnavalet.
Nicolas Desmarets, neveu du Grand Colbert
En 1676, l’hôtel est acquis par Nicolas Desmarets (1648-1721). Neveu du grand Colbert (le ministre de Louis XIV), Nicolas Desmarets est issu de la noblesse de robe. Son oncle va largement contribuer à sa brillante carrière : d’abord conseiller au Parlement, Desmarets occupe les postes successifs de maître des requêtes, conseiller d’Etat, intendant des Finances, directeur des Finances. En 1708, il est nommé contrôleur-général des finances, ce qui équivaudrait actuellement au poste de ministre des Finances. En 1710, Desmarets rachète dans le même quartier l’hôtel de Montmorency-Luxembourg. Il n’habite plus l’hôtel Castelan.
Un édifice constamment modifié
Tout au long du XVIIIe siècle, l’hôtel est constamment modifié. L’actuel grand escalier, avec sa belle rampe en fer forgé, date de 1750 (il est parfois attribué à l’architecte Boffrand). De la structure du XVIIe siècle, seul subsisterait le portail à refends.
En revanche, deux plafonds datant de la première moitié du XVIIe siècle subsistent au premier étage. L’un des plafonds est attribué à Charles Errard. Des poutres et des plafonds anciens ont également été découverts en supprimant les faux-plafonds lors des récents travaux de réhabilitation.
Un cabinet de lecture étrangère
En 1800, Giovanni Antonio Galignani (1757-1821), rédacteur puis éditeur, ouvre dans l’hôtel Castelan un cabinet de lecture, « la Librairie Française et Etrangère ». Les cabinets de lecture apparaissent à Paris au milieu du XVIIIe siècle et se concentrent surtout au Palais-Royal à partir de la Révolution. Moyennant un droit d’entrée, le lecteur peut venir y consulter ou emprunter des journaux, gazettes et livres. Ces cabinets étaient également appelés « salons littéraires », une tradition d’origine anglaise née au XVIIIe siècle : les gens de lettres se réunissaient chez les libraires pour y discuter. Celui de Giovanni Antonio Galignani est le plus important à Paris en ce qui concerne la presse anglaise et américaine. Au 1er étage de l’hôtel, l’éditeur propose plus de 20 000 volumes de toutes les langues, des journaux étrangers, ainsi que le « Galignani’s Messenger », porte-parole de la communauté britannique à Paris.
Une reconstruction quasi complète
Les façades de l’hôtel semble avoir été reconstruites au XIXe siècle comme l’atteste la taille des ouvertures en façade. La tourelle d’escalier placée hors œuvre est d’ailleurs bien dans le goût pour le style Renaissance répandu à partir des années 1840 . En 2008, l’hôtel est entièrement rénové et restructuré par Thual Buret Architectes associés. L’hôtel Castelan est aujourd’hui le siège de la marque Kenzo, appartenant au groupe LVMH.
Pour l’architecte Jacques Bruand, voir également le bureau des Marchands-Drapiers, l’église Notre-Dame des Victoires.
Sources :
Leborgne (Dominique), Guide du promeneur 2e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Base Mérimée, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.
Adresse : 18 rue Vivienne
Métro : Bourse
Arrondissement : 2e
Téléphone :