L’ancien siège
de Saint Frères

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Filature Saint Frères à Flixecourt

Filature Saint Frères à Flixecourt ©Région Hauts-de-France – Inventaire général

L’industrie du jute

Originaire de Beauval dans la Somme, la famille Saint exerce la profession de tisserand à la fin du XVIIIe siècle. En 1814, trois frères, Pierre-François, Jean-Baptiste et Pierre-François Saint se lancent dans la fabrication de toiles d’emballage. La fabrication est développée à Beauval et l’entreprise fait alors travailler plusieurs centaines de tisserands. En 1838, le succès est tel que la famille Saint ouvre un commerce de toiles à Paris dans le quartier des Halles. Entre 1855 et 1857, les Saint mettent au point un métier à tisser la toile de jute : le jute est alors réputé pour sa robustesse et son prix bon marché au moment où la production agricole et industrielle en plein essor créent une forte demande de sacs en toile.

L’implantation dans la vallée de la Nièvre

En 1857, une première usine est implantée à Flixecourt, dans la vallée de la Nièvre. En 1861, les Saint font l’acquisition d’une seconde usine à Berteaucourt-les-Dames, puis en 1864 d’une filature à Saint-Ouen. Le jute arrive par les voies maritimes à Boulogne-sur-mer puis : grâce à la construction d’un chemin de fer, il est acheminé vers les usines. L’entreprise emploie jusqu’à 6.500 ouvriers, hommes et femmes.

Usine Saint

Usine Saint

Le leader français du jute

Jusqu’aux années 1920, l’entreprise ne cesse de croître et de se diversifier. Elle devient le leader de l’industrie du jute en France et représente 30 % de la production française. C’est Charles Saint (1826-1881), brillant capitaine d’industrie, à qui l’on doit le plus le développement de l’entreprise dans la seconde moitié du XIXe siècle. Après lui, Pierre Saint (1868-1943) continue l’expansion du groupe Saint Frères dont l’apogée se situe à la Belle Epoque.

L’inévitable déclin du textile français

Comme pour l’industrie du textile (coton et laine), les difficultés commencent à apparaître avec l’invention des textiles synthétiques plus compétitifs. A la fin des années 1950, les fibres en polymère se généralisent pour la fabrication des emballages. L’industrie du jute est directement menacée. En 1969, Saint Frères est racheté par les frères Willot, à la tête du groupe Agache-Willot. En 1978, les Willot rattachent Saint Frères au groupe Boussac, spécialisé dans le textile, pour former le groupe Boussac-Saint-Frères.

Le siège de Saint Frères

L’origine du groupe LVMH

Très endetté et perdant de nombreux marchés, le groupe Agache-Willot dépose son bilan en 1981. En 1985, un certain Bernard Arnault, à la tête de l’entreprise familiale Férinel, rachète Boussac-Saint-Frères pour en conserver uniquement les pépites, comme Dior Couture ou le Bon Marché. C’est l‘origine de l’actuel groupe LVMH fondé en 1987. En 1988, Boussac Saint Frères est revendu par Arnault à la société Prouvost, mais le groupe ne se relève pas et est mis en liquidation en 2000.

La famille Saint et l’architecture

Outre les cités ouvrières construites pour les ouvriers de la vallée de la Nièvre, les Saint font construire trois châteaux pour asseoir leur rang social : le château Rouge (1870), le grand château, le plus emblématique de leur réussite, et le château Blanc (1912).

Flixecourt : le grand château

Flixecourt : le grand château

Le grand château

Construit entre 1882 et 1886 par l’architecte Paul Delforterie, le grand château est un bon exemple d’architecture éclectique. D’inspiration Louis XIII, il est bâti dans le style « brique et pierre ». Il est agrémenté (non sans surcharge) d’un abondant décor sculpté : bossages, bagues, frontons, coquilles, hautes cheminées… Cette surabondance très théâtrale en fait un pastiche proche de l’architecture baroque. La verticalité des façades renforcée par les hauts combles, la symétrie imposante… Tout concourt dans cette architecture de la représentation à illustrer la réussite sociale de la famille Saint.

Le siège des établissements Saint Frères

Le siège social parisien

A Paris, le siège social de Saint Frères s’installe en 1896 dans un vaste immeuble commercial rue du Louvre. Le nom « Saint Frères » est sculpté sur la façade rue du Louvre mais aussi sur la rotonde d’angle au niveau du comble. Les grandes baies verticales trahissent l’utilisation d’une charpente métallique constructive; elle est masquée par la pierre traitée de manière décorative. L’immeuble est aujourd’hui occupé par des bureaux.

 

Adresse : 34 rue du Louvre

Métro : Louvre-Rivoli

Arrondissement : 1er

Téléphone :