L’hôtel de Chanaleilles

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Hôtel de Chaneleilles Façade sur cour

Hôtel de Chaneleilles Façade sur cour ©culture.gouv.fr

Une folie d’époque Louis XVI

Vers 1770, cette folie est construite pour le duc du Maine ou peut-être pour la famille du Prat, dont le chef est marquis de Barbançon. Située au milieu d’un jardin qui s’étend jusqu’à la rue de Babylone, la maison ne comprend alors qu’un rez-de-chaussée.

Portrait en pied de Mme Tallien, née Thérésa Cabarrus, par le baron Gérard, vers 1804

Portrait en pied de Mme Tallien, née Thérésa Cabarrus, par le baron Gérard, vers 1804

L’intrépide Mme Tallien

D’origine espagnole, Mme Tallien est née Thérésa Cabarrus (1773-1835). Femme d’influence tenant un salon réputé, elle épouse d’abord Jean Jacques Devin de Fontenay, un parlementaire fortuné (voir l’hôtel de Chenizot). Très engagée pendant la Révolution, elle échappe à la prison grâce au journaliste Jean-Lambert Tallien (1767-1820) qui l’épouse en 1794. Il est le représentant de la Convention en Gironde. Mme Tallien prend très vite le surnom de « Notre-Dame de Thermidor » car elle sauve beaucoup de proscrits condamnés à mort.

Hôtel de Chaneleilles - Façade sur le jardin et aile moderne

Hôtel de Chaneleilles – Façade sur le jardin et aile moderne

Dès 1795, Mme Tallien se sépare de son mari, qu’elle juge en partie responsable des massacres de Septembre 1792. En 1799, son amant, le richissime financier Gabriel-Julien Ouvrard, offre à Mme Tallien la folie de la rue de Babylone. Il loue également pour elle le somptueux château du Raincy (démoli). Ouvrard et Mme Tallien ont quatre enfants entre 1800 et 1804.

Hôtel de Chaneleilles - Un salon Régence

Hôtel de Chaneleilles – Un salon Régence ©Bagues

Dans sa résidence parisienne, Mme Tallien fait aménager au sous-sol une salle de bain circulaire, l’une des plus anciennes subsistant à Paris. Remariée en 1805 à François Joseph de Riquet de Caraman, prince de Chimay, Mme Tallien y séjourne encore après son mariage. Passionné de musique, le couple résidera ensuite au château de Chimay, en Belgique, où il recevra de nombreux musiciens.

Dans les années 1840, la folie est acquise par le marquis de Chanaleilles, qui lui laisse son nom actuel.

Hôtel de Chaneleilles - Le vestibule

Hôtel de Chaneleilles – Le vestibule ©Bagues

L’armateur grec Stravros Niarchos

En 1956, l’armateur grec Stravros Niarchos (1909-1996) fait l’acquisition de la demeure et y réalise de nombreux travaux de réaménagement et d’agrandissement. Il fait notamment édifier une aile moderne perpendiculaire à la folie de Mme Tallien, construite dans un style classique.

Hôtel de Chaneleilles - La grande galerie

Hôtel de Chaneleilles – La grande galerie ©Bagues

Au cours de sa vie, le milliardaire, surnommé « The Golden Greek », se constitue une admirable collection d’œuvres d’art. La peinture le passionne : il acquiert notamment de nombreux tableaux impressionnistes (Van Gogh, Degas, Renoir, Cézanne, Gauguin, Toulouse-Lautrec) et des tableaux du XXe siècle (Picasso, Basquiat, Warhol, etc). Après sa mort en 1996, son fils Philipp hérite de la collection. En 2014, cette collection privée est considérée comme la 3e plus importante au monde, estimée à 2,2 milliards de dollars.

L’hôtel de Chanaleilles a été revendu depuis et reste une propriété privée. Il conserve de très beaux salons décorés de boiseries ainsi qu’une galerie, pièce d’apparat.

Hôtel de Chaneleilles - Le portail

Hôtel de Chaneleilles – Le portail ©culture.gouv.fr

Sources :
Colin-Bertin (Françoise ), Guide du promeneur 7e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Hillairet (Jacques ), Connaissance du Vieux Paris, Paris, Rivages, 1956.

Adresse : 2 rue de Chanaleilles

Métro : Saint-François-Xavier

Arrondissement : 7e

Téléphone :