La résidence Amandiers
Le 20e Théâtre
Les deux casquettes de Jean Dumont
Le travail personnel de l’architecte Jean Dumont (1923-2007) est assez méconnu. Collaborateur de l’architecte Michel Roux-Spitz à ses débuts, il s’oriente vers une brillante carrière d’architecte des Bâtiments civils et nationaux : il sera inspecteur général des Bâtiments civils et nationaux, architecte en chef du domaine de Versailles, conservateur du domaine de la Malmaison et du domaine de Compiègne. Passionné par la rénovation du patrimoine, Jean Dumont consacre également une partie de son temps à des projets contemporains, où il exprime un talent certain. De ses constructions se dégage une grande rationalité et une adhésion aux principes de l’architecture moderne. Son œuvre la plus connue, l’immeuble « Le Tripode » à Nantes, a été malheureusement démolie.
Une barre haute pour le foyer de jeunes travailleurs
Le programme du projet de la rue des Amandiers comprend deux volets : un foyer de jeunes travailleurs et un équipement culturel. L’architecte choisit d’articuler son projet en deux volumes qui s’opposent. Une grande radicalité se manifeste dans le parti architectural. Appelé Résidence Amandiers, le foyers de jeunes travailleurs est une imposante barre de 8 étages construite sur pilotis. Tournant le dos à la rue de Ménilmontant, le bâtiment s’incurve et se plie sur sa façade principale orientée au Sud. Très graphique, cette façade est animée par des fenêtres horizontales en bandeaux continus. Incurvée elle aussi, l’étroite façade Ouest est placée en porte-à-faux sur la rue des Amandiers; elle est percée de balcons offrant un panorama sur la ville. A l’inverse, la façade Nord est une façade massive et austère, percée de meurtrières verticales.
Un équipement culturel semi-enterré
L’équipement culturel s’oppose radicalement au foyer de jeunes travailleurs par ses volumes bas et ses courbes (voir la photo ci-dessous). Semi-enterré, comprenant des demi-niveaux et élevé seulement de deux étages, le volume se niche au pied de la barre et en épouse la courbe. Organisé autour d’un petit patio végétalisé, l’équipement est constitué de plusieurs espaces qui se juxtaposent et s’articulent avec une grande fluidité : une salle de spectacle, un auditorium, une salle de télévision, un hall d’expositions, un foyer, des salles de réunion.
Le Centre de logement des jeunes travailleurs (CLJT) a été entièrement rénové. Il comprend 150 chambres individuelles de 11 m2 et 8 chambres de 21 m2. L’équipement culturel (une maison de la Jeunesse et de la Culture) a été scindé ultérieurement en deux entités distinctes : le centre d’animation Amandiers et le 20e théâtre.
Ces deux entités font actuellement l’objet d’une vive polémique. En effet, la Mairie de Paris porte un projet de transformation des deux espaces pour accueillir un nouveau lieu culturel et social : il comprendra une salle de spectacles, des ateliers d’animation et des résidences d’artistes. Ce projet suscite de vives protestations de la part des habitants du quartier.
Pour l’architecte Jean Dumont, voir également le central téléphonique Poncelet, le bureau de Poste rue de Douai.
Sources :
Restructuration de l’ancien centre d’animation des amandier et du 20ème théâtre en lieu de fabrique, Direction des Affaires culturelles de la Ville de Paris.
Hommage à Jean Dumont, Académie d’Architecture, 21 janvier 2008.
Adresse : 54-56 rue de Ménilmontant, 110 rue des Amandiers et 7 rue des Platrières
Métro : Ménilmontant ou Pyrénées
Arrondissement : 20e
Téléphone :