Les immeubles Persan
Le petit hôtel de Persan
Rentabiliser l’achat d’une parcelle
Construit peu après 1771, cet ensemble architectural d’un nouveau genre est constitué de deux immeubles de rapport sur rue et d’un petit hôtel particulier sur cour. Il illustre la nouvelle tendance pour les riches bourgeois et aristocrates à s’assurer des revenus locatifs en plus de la possession d’une belle demeure. En 1768, Anne-Nicolas Doublet de Persan achète un grand hôtel entre cour et jardin ainsi qu’un terrain attenant : il conserve ce grand hôtel (le « Grand hôtel de Persan » qui était situé au n° 5 rue Bonaparte a été démoli depuis) pour en faire son habitation. Il fait lotir le terrain correspondant aux actuels n°7 et 9 de la rue.
Un ensemble architectural exceptionnel
Peu après 1771, Persan commande à l’architecte Jean-Louis Blève deux immeubles de rapport sur rue et un petit hôtel (appelé « Petit hôtel de Persan ») situé entre cour et jardin. Cet ensemble architectural exceptionnel nous est parvenu intact. Sur la rue, les immeubles de rapport des n° 7 et 9 présentent de sobres façades percées d’un portail monumental. Le rez-de-chaussée et l’entresol sont striés de refends. Au-dessus s’élèvent l’étage noble et un second étage moins élevé couronné par une forte corniche à modillons.
Une hiérarchie sociale par étage
Au XVIIIe siècle, les classes sociales de la société française ne sont pas encore organisées par quartier (même si certains quartiers comme le Marais, le faubourg Saint-Germain ou le faubourg Saint-Honoré sont très aristocratiques). La hiérarchie sociale s’exprime verticalement dans un même immeuble. Le rez-de-chaussée sur rue est ici destiné au commerce. L’entresol et les étages supérieurs sont habités par les domestiques et les classes sociales modestes. Le premier étage, appelé étage noble, est en principe occupé par l’aristocratie, même si celle-ci n’est ici que locataire.
Le petit hôtel de Persan
Ce charmant petit hôtel particulier se situe à la transition entre l’architecture de style Louis XVI et le néo-classicisme. A l’arrière de l’immeuble sur rue du n° 9, l’édifice est placé en fond de cour et donne sur un jardin à l’arrière. Sa façade sur cour est gracieuse : les trois travées centrales se prolongent par de minuscules pavillons aux angles arrondis. Des guirlandes de fleurs animent le linteau de plusieurs fenêtres de l’étage. Le rez-de-chaussée est strié de refends. La façade sur le jardin est plus dépouillée et plus proche du néo-classicisme. Les trois travées centrales forment un avant-corps : la porte-fenêtre au centre est précédée d’un perron qui permet de descendre dans le jardin.
Le marquis de Persan
Anne-Nicolas Doublet de Persan est le descendant d’un fermier-général. Son grand-père avait acquis une charge de conseiller au parlement, conférant la noblesse héréditaire à cette famille. En 1754, Anne-Nicolas Doublet obtient le titre de marquis de Persan. Après lui, ses deux filles et son fils héritent de l’ensemble immobilier des n°5, 7 et 9 rue Bonaparte. Aujourd’hui, ces immeubles font l’objet d’une copropriété, à l’exception du Petit Hôtel de Persan qui est resté en main privée.
Pour l’architecte Jean-Louis Blève, voir également la maison Guérard.
Sources :
Leborgne (Dominique), Saint-Germain des Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain, Paris, Editions Parigramme, 2005.
Le Faubourg Saint-Germain, collection « Paris et ses quartiers », Paris, Editions Henri Veyrier, 1987.
Adresse : 7 et 9 rue Bonaparte
Métro : Saint-Germain des Prés
Arrondissement : 6e
Téléphone :