La maison habitée
par Mme Hamelin et Victor Hugo
Fortunée Hamelin, le plus grand polisson de France
Appartenant à une famille de riche planteurs de Saint-Domingue, Fortunée Lormier-Lagrave (1776-1851) épouse Romain Hamelin en 1792; il est le fils d’un fermier-général enrichi par la fourniture aux Armées de la République. Par chance pour lui, il n’est pas inquiété par la Révolution alors que de nombreux fermiers-généraux sont guillotinés. En 1794, Fortunée Hamelin hérite du petit hôtel de Bazin, situé dans le faubourg Poissonnière. Plus connu sous le nom d’hôtel de Bourrienne, cette demeure est occupée par Fortunée et son mari, en alternance avec l’hôtel Hamelin situé 32 rue Taitbout (démoli). Si elle est qualifiée de « jolie laide » par ses contemporains, Mme Hamelin séduit par la vivacité de son esprit. Son surnom de « plus grand polisson de France » en dit long sur cette femme qui fait tourner les têtes. Dans le domaine de la Mode comme dans celui des mœurs, elle est avant-gardiste et fait partie de celles que l’on appellera « les Merveilleuses » ou encore « les Incroyables ». Ses amies et rivales sont alors Joséphine de Beauharnais (future épouse de Bonaparte), Mme Tallien et Mme Récamier.
De nombreux déménagements
De 1798 à 1804, les Hamelin habite une maison au n°3 rue Chauchat (démolie). De 1804 à 1821, Fortunée Hamelin, qui va se séparer de son mari sans toutefois divorcer, loue la célèbre Folie-Boursault (démolie) rue Blanche. Exilée un temps à Bruxelles suite aux « 100 jours », complot auquel elle s’est jointe, elle s’installe à partir de 1821 dans le pavillon Richelieu (démoli) au n°37 rue Blanche. Dans les années 1830, Mme Hamelin se lance dans la spéculation immobilière. Conseillée par son amant, le financier Ouvrard, elle en sort malheureusement quasiment ruinée. A cette époque, elle se lie d’amitié avec l’écrivain Victor Hugo (1800-1885) et son épouse Adèle (1803-1868).
Une ravissante maison du début du XIXe siècle
En 1846, Mme Hamelin se résout à quitter le pavillon Richelieu qu’elle a déjà hypothéqué. Elle s’installe dans une ravissante maison sur les hauteurs de la Nouvelle-Athènes, au n°37 (actuel n° 41) rue de La Tour d’Auvergne. Ce sera sa dernière adresse jusqu’à sa mort en 1851. Probablement construite au tout début du XIXe siècle, cette maison dispose d’un grand jardin qui surplombe la rue. Bâti en U à la manière des hôtels particuliers, l’édifice comporte dans l’aile Est une rotonde abritant un très beau salon.
Victor Hugo et son épouse emménagent
Mme Hamelin occupant uniquement l’appartement du rez-de-chaussée, elle propose fin 1848 à Victor Hugo et à son épouse Adèle, alors à la recherche d’une habitation, de s’installer au 1er étage. Le couple va y vivre trois ans, organisant des soirées poétiques et musicales très fréquentées.
L’exil forcé de Victor Hugo
Au lendemain du coup d’Etat fomenté par Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, Victor Hugo, républicain convaincu, tente d’abord de s’enfuir. Selon la tradition, il se serait d’ailleurs échappé de son domicile par l’escalier dérobé donnant sur la cité Godon. Victor Hugo s’exile à Bruxelles puis à Jersey et enfin Guernesey. Il revient vivre à Paris fin 1871 mais ne réside plus à son ancienne adresse. Sa dernière adresse parisienne sera un hôtel particulier (démoli) situé avenue d’Eylau. L’avenue en question sera d’ailleurs rebaptisée avenue Victor Hugo le 28 février 1881 du vivant du grand écrivain. La maison où cohabitèrent Mme Hamelin et Victor Hugo est aujourd’hui séparée en appartements. Elle n’est malheureusement pas accessible au public. On l’aperçoit bien de la cité Godon qu’elle surplombe.
Source :
La Nouvelle-Athènes, Haut lieu du Romantisme, sous la direction de Bruno Centorame, Action Artistique de la Ville de Paris, 2001.
Adresse : 41 rue de la Tour d’Auvergne
Métro : Pigalle
Arrondissement : 9e
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