Le ministère de l’Egalité
des Territoires et du Logement
L’hôtel de Castries
Jean Dufour, seigneur de Nogent, est issu d’une vieille famille normande. Il semble être le premier propriétaire connu. Il est Conseiller du Roi en ses Conseils et Secrétaire des Commandements des maisons et finances de la duchesse d’Orléans. En 1696, il est autorisé à bâtir un logis encadré d’ailes percées chacune d’un passage donnant sur les cuisines et sur les écuries.
La maison de Castries
En 1708, Angélique Guyner, veuve de Jean Dufour, vend l’hôtel de Nogent à Joseph-François de La Croix (1663-1728), marquis de Castries et baron de Castelnau. Les Castries sont originaires de Montpellier; la famille a été anoblie par charge en 1487. Grâce à la fortune de son oncle, archevêque de Narbonne, le marquis de Castries finance des travaux d’embellissement effectués entre 1708 et 1714. A sa mort, l’hôtel est loué à Charles-Armand de Gontaut, duc de Biron, nommé maréchal de France en 1734. Son fils se portera acquéreur de l’hôtel Peyrenc de Moras (voir le musée Rodin) situé rue de Varenne.
En 1743, le 3e marquis de Castries, Charles-Eugène de La Croix (1727-1801) récupère l’hôtel de Castries pour y habiter. C’est un militaire brillant qui sera Gouverneur de Sète et Montpellier, maréchal de camp, lieutenant général du Lyonnais, et fait chevalier de l’ordre du saint-Esprit (la plus haute distinction sous l’Ancien Régime). Il s’est également distingué durant la Guerre de Sept ans. En 1761, le marquis de Castries hérite de la fortune de son oncle, Charles Fouquet, duc de Belle-Isle et maréchal de France. De grands travaux d’aménagements intérieurs sont confiés au célèbre sculpteur Jacques Verberckt (1704-1771). Des lambris sans dorure couvrent les murs de la salle à manger.
En 1762, le marquis de Castries confie à l’architecte Jacques-Antoine Payen la construction du portail sur rue. L’architecte Nicolas-Marie Potain est chargé de construire à côté de l’hôtel de Castries le petit hôtel de Castries (démoli, il était situé au n°76 rue de Varenne). Les deux hôtels sont reliés par deux murs couverts d’une balustrade.
En 1780, le marquis de Castries est nommé ministre de la Marine par Louis XVI. Il réorganise la flotte française et contribue ainsi à soutenir la lutte contre les anglais lors de la guerre d’indépendance américaine. Maréchal de France en 1783, il émigre le 29 juillet 1789 à Coppet, en Suisse, et meurt en 1801 à Wolfenbüttel chez le duc de Brunswick. En novembre 1790, l’hôtel est saccagé par le peuple de Paris suite au duel entre le comte Charles de Lameth, partisan des idées nouvelles, et le duc de Castries.
Les agrandissement du XIXe siècle
Saisi comme bien d’émigré pendant la Révolution, l’hôtel est restitué aux Castries en la personne d’Edmond, 2e duc de Castries (1787-1866). Entre 1843 et 1863, d’importants travaux de restauration sont entrepris par l’architecte Joseph-Antoine Froelicher. L’hôtel prend alors son aspect actuel. La façade sur cour est avancée de 2,50m et l’ancien escalier disparaît. Une galerie est aménagée au rez-de-chaussée, rendant toutes les pièces indépendantes. Sur le jardin, deux ailes perpendiculaires au logis sont ajoutées. A l’intérieur, le grand salon est refait à l’identique dans le style rocaille. L’ensemble des panneaux décoratifs des salons sont remis au goût du jour. Il subsiste une grande partie des boiseries posées vers 1743.
La mise en location d’une partie de l’hôtel
Dès 1851, le duc de Castries conserve le rez-de-chaussée et le jardin à son usage mais il loue une partie de l’hôtel à plusieurs familles de l’aristocratie : les Clermont-Tonnerre, les La Rochefoucauld-Liancourt, les Lestrade, les Saint-Aignan. En 1866, l’hôtel passe à Edmond-Charles de Castries, neveu du 2e duc de Castries. En 1886, il est vendu à Louise Lebeuf de Montgermond et à son époux, le prince Louis de Broglie-Revel. A partir de 1936, le comte de Castellane est locataire du rez-de-chaussée.
La réquisition par l’Etat
En 1946, les Domaines réquisitionnent l’hôtel pour y loger le ministère de l’Agriculture. Plusieurs ministères s’y succèdent. Aujourd’hui, l’hôtel de Castries abrite le siège du Ministère de l’Egalité des Territoires et du Logement.
Sources :
Colin-Bertin (Françoise), Guide du promeneur 7e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Belles Demeures de Paris, Paris, Hachette Réalités, 1977.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.
Adresse : 72 rue de Varenne
Métro : Solférino
Arrondissement : 7e
Téléphone :