Conservatoire National Supérieur
d’Art Dramatique

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Le Conservatoire - Façade sur la rue Sainte-Cécile

Le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique : façade donnant sur       la rue Sainte-Cécile. 

 

Le théâtre des Menus-Plaisirs du Roi

A l’emplacement de l’actuel conservatoire se dresse au XVIIIe siècle le théâtre des Menus-Plaisirs du Roi. Cette salle est l’ancien théâtre de la Foire Saint-Laurent, démontée et remontée ici. Elle sert alors de salle de répétition pour les opéras et ballets qui doivent être donnés à la Cour. En 1784, une Ecole royale de chant y est créée, puis en 1786 une Ecole de déclamation y est adjointe.

La création du Conservatoire de Musique et de Déclamation

Sous l’Empire, Napoléon 1er met en place un véritable enseignement de l’art dramatique en créant le Conservatoire de Musique et de Déclamation. Le comédien François-Joseph Talma (voir l’hôtel Talma), acteur favori de l’empereur, y est professeur.

Le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique : la salle des colonnes ©Didier Rykner

La séparation des deux conservatoires : Musique et Art dramatique

En 1911, le conservatoire est séparé en deux. L’enseignement de la Musique se fait dans le conservatoire de la rue de Madrid. En 1990, cet établissement déménage dans le nouveau Conservatoire national supérieur de musique et de danse situé dans le parc de la Villette. Le conservatoire de la rue de Madrid devient un conservatoire à rayonnement régional. L’enseignement de l’Art dramatique continue dans les bâtiments historiques de la rue du Conservatoire. L’établissement devient le Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Cette prestigieuse école forme les futurs comédiens du théâtre et du cinéma français.

Le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique : le théâtre à l’italienne ©Didier Rykner

Un théâtre à l’italienne décoré dans le style pompéien

A la place du théâtre des Menus-Plaisirs du Roi, l’architecte François-Jacques Delannoy (1755-1835) construit en 1811 la salle du Conservatoire : c’est un magnifique théâtre à l’italienne d’une capacité de 429 places. Précédée d’un grand vestibule appelé « salle des Colonnes », la salle en hémicycle conserve un magnifique décor pompéien. Œuvre des peintres Alexis-Joseph Mazerolles et Charles Chauvin, ce décor exécuté en 1828 est composé de guirlandes, de feuillages et de lyres. Au premier balcon, des médaillons d’auteurs dramatiques sont représentés ; au deuxième balcon des médaillons de musiciens . Le théâtre est à l’heure actuelle la seule partie classée MH 1921 du conservatoire. Conçue à l’origine pour accueillir des concerts symphoniques, la salle du Conservatoire est dotée d’une acoustique exceptionnelle. Elle sert de cadre aux ateliers des élèves du conservatoire. Restaurée en 1985, elle n’est malheureusement plus utilisée pour les concerts symphoniques pour des raisons de sécurité et de fragilité.

Le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique : le théâtre à l’italienne ©Didier Rykner

D’autres éléments architecturaux patrimoniaux

Outre ce théâtre, le conservatoire conserve d’autres éléments architecturaux de grande qualité : l’ancien bureau d’Hector Berlioz (qui y fut bibliothécaire) et l’ancienne bibliothèque devenue la salle Louis Jouvet utilisée pour les répétitions. Cette salle conserve de belles boiseries et une charpente peinte.

Le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique : le bureau d’Hector Berlioz ©Didier Rykner

Les agrandissements du Conservatoire

En 1853, l’architecte Janniard est chargé de remanier l’ensemble des bâtiments qui sont en partie vendus et amputés par l’ouverture de la rue du Conservatoire. Il édifie la longue façade Ouest donnant sur la rue du Conservatoire : très austère et sans grand intérêt, elle imite le style néoclassique. Dotée d’un curieux mur pignon crénelé, la façade nord est ornée de masques et de lyres.

Le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique : la salle Louis Jouvet ©Didier Rykner

Le projet de la Cité du Théâtre

En 2016, le président François Hollande annonce la création prochaine de la Cité du Théâtre à Paris. Cette Cité devra occuper les anciens magasins de décor de l’Opéra de Paris situés boulevard Berthier. Les 22.000 m2 du site seront dédiés à trois établissements :
. le Conservatoire National d’Art Dramatique, jugé trop à l’étroit sur son site historique de la rue du Conservatoire.
. la Comédie-Française, qui disposera ainsi d’une 4e salle.
. le théâtre de l’Odéon, qui dispose déjà sur place d’une 2e salle baptisée « les Ateliers Berthier ».

L’amputation d’une partie du Conservatoire avortée

Mais voilà, pour financer les travaux de la Cité du Théâtre, le gouvernement avait initialement prévu sans scrupule de couper en deux le Conservatoire ! Seuls le théâtre à l’italienne et le bureau d’Hector Berlioz auraient été conservés. La salle des colonnes et la salle Louis Jouvet seraient destinés à la vente et probablement détruits par l’investisseur qui en fera l’acquisition. Coup de théâtre : en septembre 2023 le Ministère de la Culture annonce l’abandon du projet de Cité du Théâtre pour des raisons budgétaires. On peut donc espérer que l’ensemble du Conservatoire, d’un intérêt patrimonial majeur, soit sauvé de la destruction.

Pour l’architecte François-Jacques Delannoy, voir également la galerie Vivienne, l’hôtel de la Vrillière, le collège de Boncourt, les Bains Chantereine.

Sources :
Goldemberg (Maryse), Guide du promeneur 9e arrondissement, Paris, Parigramme, 1997.
La Tribune de l’Art

Adresse : 2bis rue du Conservatoire

Métro : Bonne Nouvelle

Arrondissement : 9e

Téléphone : 01 42 46 12 91