L’hôtel Mégret de Sérilly
L’ambitieux entrepreneur Jean Thiriot
En 1620, Jean Thiriot (1590-1649) est chargé de construire un hôtel pour le compte de Nicolas Malebranche, secrétaire du roi, et pour son épouse, Catherine de Lauzon. Simple tailleur de pierre à l’origine, Jean Thiriot a longtemps travaillé à l’ombre de son mentor, l’architecte Salomon de Brosse. La construction de la digue de la Rochelle assurera plus tard sa notoriété puisqu’il obtiendra le titre d’ingénieur-architecte des bâtiments du roi ainsi que des lettres de noblesse. L’œuvre de Jean Thiriot reste assez mal connue. Suite à la faillite de Malebranche, l’hôtel est adjugé en 1632 aux religieuses dominicaines de Saint-Thomas. En 1641, la demeure est acquise par une famille de financiers, les Aymeret, puis revendu en 1686 à Charles du Tillet. Sa famille reste propriétaire jusqu’en 1741
Fortune et ruine de Jean-François Mégret de Sérilly
L’hôtel est acquis en 1765 par le marquis de Pange. Celui-ci le loue à son neveu Jean-François Mégret de Sérilly (1746-1794) qui finit par l’acquérir en 1776. A cette époque, Sérilly fait exécuter de très beaux décors intérieurs de style néoclassique par l’architecte Pierre-Noël Rousset. Trésorier payeur général des guerres en 1782, il est pourtant ruiné en 1787 suite à une banqueroute monumentale et doit céder son hôtel. Accusé de participation à un complot royaliste, Sérilly est guillotiné le 27 mai 1794.
Un hôtel particulier « brique et pierre »
L’hôtel particulier est construit entre cour et jardin. Sur le côté gauche, une basse-cour complète la cour d’honneur. L’hôtel présente des façades en fausse brique (de l’enduit peint) et pierre, comme c’est également le cas pour certains hôtels de la place des Vosges. La pierre est réservée aux chainages en harpe encadrant les fenêtres. Les ailes latérales sont percées d’arcades cintrées. Sur la rue, l’hôtel se signale par un bâtiment centré sur un avant-corps à refends. Le portail en plein cintre est sommé d’un mascaron de tête d’homme couronné de feuilles de laurier. Dans le fronton triangulaire couronnant l’avant-corps, deux lions sculptés encadrent un œil-de-bœuf.
De somptueux décors dispersés
Les plus beaux décors intérieurs ont été vendus. Le petit boudoir du rez-de-chaussée est l’œuvre des frères Simon et Jules-Hugues Rousseau : daté de 1778, cet éblouissant décor sur le thème des 4 saisons a été remonté au Victoria Albert Museum de Londres. Datant de la même époque, les boiseries du salon du 1er étage sont remontées en 1895 à Marble House la célèbre propriété du magnat Cornelius Vanderbilt à Newport (USA). L’hôtel Mégret de Serilly est aujourd’hui séparé en appartements et ne se visite pas.
Pour l’entrepreneur et architecte Jean Thiriot, voir également l’hôtel d’Hozier, l’hôtel de Loynes, l’hôtel de Marle, l’hôtel de Canillac, l’hôtel Duret de Chevry, l’hôtel Tubœuf, l’hôtel de Lauzon, l’hôtel de Vigny, l’hôtel Boula de Quincy.
Sources :
Chadych (Danielle), Le Marais, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2010.
Gady (Alexandre), Le Marais, guide historique et architectural, Paris, Le Passage, 2002
Adresse : 106 rue Vieille du Temple
Métro : Chemin Vert ou Filles du calvaire
Arrondissement : 3e
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