Résidence
du Premier ministre
L’hôtel de Matignon
Des Goyon-Matignon au Premier ministre
Cet hôtel particulier est commandé à l’architecte Jean Courtonne par Christian-Louis de Montmorency-Luxembourg, prince de Tingry. En 1723, au moment de son achèvement, il est acquis par Jacques III de Goyon-Matignon, comte de Thorigny, gouverneur de Cherbourg, qui lui laissera son nom. Son fils Jacques IV en hérite. En épousant Louise-Hippolyte Grimaldi, il est fait prince de Monaco sous le nom de Jacques 1er Grimaldi. Les Monaco et leurs descendants y résident jusqu’en 1770.
Entre la Révolution et le Second Empire, l’hôtel est vendu plusieurs fois. Sous la Restauration, Bathilde d’Orléans, duchesse de Bourbon, y réside. Sous le Second Empire, Raffaele de Ferrari, duc de Galliera, en fait l’acquisition. Sa femme, Maria de Brignole-Sale, duchesse de Galliera (voir le musée Galliera), y loge gracieusement Philippe d’Orléans, comte de Paris, petit-fils du roi Louis-Philippe. Le comte de Paris devra s’exiler après la loi de 1886. En 1922, l’Etat français achète l’hôtel. Les présidents du Conseil des ministres y résident à partir de 1934. Depuis la Ve République, l’hôtel Matignon est la résidence du Premier ministre.
De somptueux décors rocaille
Avec l’hôtel de Noirmoutiers, l’hôtel de Matignon est l’œuvre la plus aboutie de l’architecte Jean Courtonne. Malheureusement pour lui, le comte Jacques de Goyon-Matignon le soupçonne d’indélicatesse et l’évince à la fin du chantier pour le remplacer par Antoine Mazin. L’hôtel est situé entre cour et jardin selon la tradition parisienne. Le logis est double en profondeur. Les façades ne sont pas sur le même axe côté cour et côté jardin, celle de la cour étant plus étroite à cause de la cour des écuries voisines. Si l’ordonnance des façades est classique, l’abondance du décor sculpté, notamment sur les avant-corps à pans, est caractéristique du style rocaille. Sur l’avant-corps sur cour, le magnifique décor de trophées, autrefois surmonté d’un écu armorié, est caractéristique de ce style.
A l’intérieur, seuls le vestibule et le grand salon sont fidèles aux dessins de Courtonne. D’autres pièces conservent de belles boiseries comme le salon de compagnie de style Rocaille donnant sur le jardin. Sous le Second Empire, le grand escalier est refait. Des peintures de Paul Baudry et des frères Flandrin complètent les décors. Cet hôtel est considéré comme l’un des plus beaux hôtels parisiens de l’époque Régence.
Pour l’architecte Jean Courtonne, voir également l’hôtel de Noirmoutiers.
Pour l’architecte Antoine Mazin, voir également l’hôtel de Béthune-Charost, l’hôtel Marquet de Bourgade.
Sources :
Belles Demeures de Paris, Paris, Hachette Réalités, 1977.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 2008.
Adresse : 57 rue de Varenne
Métro : Varenne
Arrondissement : 7e
Téléphone :