L’hôtel Thiroux de Lailly
La puissante famille de Montmorency
A cet emplacement s’élevait un vaste hôtel particulier appartenant à l’une des plus anciennes et des plus puissantes familles de France : les Montmorency. La demeure ouvrait alors sur la rue du Temple. En 1632, Henri II de Montmorency (1595-1632), amiral de France et gouverneur du Languedoc, est condamné pour avoir conspiré avec Gaston d’Orléans contre le roi Louis XIII et s’être rebellé contre la tyrannie du cardinal de Richelieu. Ses biens (dont le château de Chantilly) sont confisqués et passent aux Bourbon-Condé. L’hôtel de Montmorency est vendu à François de Castille.
Nicolas Fouquet, surintendant des Finances
Marie-Madeleine de Castille s’installe en 1651 dans l’hôtel de son père avec son mari, Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant des Finances. Le couple y réside jusqu’en 1658. Dès 1656, il se lance dans le projet de construction du château de Vaux-le-Vicomte. Le destin de Nicolas Fouquet est bien connu : au faite de sa puissance, il est arrêté en 1661 et condamné pour avoir détourné l’argent de l’Etat. Dès 1660, il s’est dessaisi de l’hôtel de la rue du Temple.
Un fermier-général des Postes
Après plusieurs propriétaires successifs, l’hôtel de Montmorency est acquis en 1727 par Jean-Louis Thiroux de Lailly, seigneur d’Arconville, enrichi par sa situation très lucrative de fermier-général des Postes. Thiroux de Lailly commande en 1739 un nouvel hôtel à l’architecte Michel Tannevot (1685-1762). La disposition de la nouvelle demeure change : l’entrée ne se fait plus par la rue du Temple mais par la rue de Montmorency où un beau portail Rocaille est construit. Appareillé à refends, ce portail est timbré d’une agrafe rocaille décorée de feuilles et de fleurs, et sommé de deux vases (rapportés).
Un logis de style Louis XV
Derrière le portail, la cour occupe l’ancien jardin. . Sa belle façade Louis XV en pierre de taille est animée par un avant-corps de 3 travées, en léger ressaut, couronnées par un fronton triangulaire. Le tympan du fronton est sculpté d’un cartouche encadré de putti assis sur des lions. Au centre de la façade, la porte d’entrée est sommée d’un cartouche rocaille. Deux consoles à têtes de monstre soutiennent le balcon du 1er étage, où d’élégants garde-corps ciselés protègent les fenêtres. A l’intérieur, plusieurs pièces étaient habillées des boiseries sculptées par le grand ornementiste Nicolas Pineau ; elles ont toutes disparu. Un des salons a été acquis par Ferdinand de Rothschild et a été remonté dans Waddesdon Manor, en Grande-Bretagne. L’aile en retour abrite le grand escalier. Le petit jardin occupe l’ancienne cour (côté rue du temple) : il possède encore une magnifique fontaine rocaille ornée d’une coquille, œuvre de Nicolas Pineau.
Une annexe du ministère des Finances
Comme beaucoup de demeures du Marais, l’hôtel Thiroux de Lailly connaît ensuite un destin moins prestigieux. En 1810, il est loué par la Direction des droits réunis. A la fin du XIXe siècle, il subit les outrages d’une occupation industrielle et perd son décor intérieur. En 1951, l’Etat en fait l’acquisition et y installe l’Ecole nationale des Impôts. Depuis 2002, l’hôtel abrite des services du ministère des Finances.
Pour l’architecte Michel Tannevot, voir également l’hôtel de Boullogne, l’hôtel Tannevot, l’hôtel des Vieux, l’hôtel Castanier, l’hôtel de Rohan-Montbazon.
Sources :
Chadych (Danielle), Le Marais, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2010.
Gady (Alexandre), Le Marais, guide historique et architectural, Paris, Le Passage, 2004.
Adresse : 5 rue de Montmorency
Métro : Rambuteau
Arrondissement : 3e
Téléphone :