L’avenue des Champs-Elysées
Sous Louis XIV, le paysagiste André Le Nôtre est chargé d’aménager une allée bordée d’arbres dans l’axe du pavillon central du château des Tuileries. Cet axe compris entre la place de la Concorde et l’actuel rond-point des Champs-Elysées prend d’abord le nom de Grande allée du Roule. En 1709, elle prend le nom de Champs-Elysées en référence au lieu mythologique où les gens vertueux goûtent le repos après leur mort. En 1710, le duc d’Antin, surintendant des Bâtiments du Roi, fait bâtir un pont au-dessus du Grand-Egout (situé au niveau de l’actuelle rue Marbeuf) qui se jette dans la Seine. Les travaux de prolongement de l’avenue des Champs-Elysées vers l’étoile de Chaillot, rebaptisée depuis place de l’Etoile, s’achèvent en 1724.
Au cours du XVIIIe siècle, les Champs-Elysées conservent une réputation sulfureuse. C’est un repère de prostituées, brigands et mauvais garçons qui fréquentent les nombreuses guinguettes. Avec l’engouement pour le riche faubourg Saint-Honoré voisin, quelques beaux hôtels particuliers y sont tout de même construits : l’hôtel de Choiseul-Gouffier, l’hôtel Thiroux de Montsauge. Ils ont tous été détruits, sauf l’hôtel Thiroux de Montsauge démonté puis remonté rue du faubourg Saint-Jacques. Démarré sous l’Empire, l’Arc de Triomphe de l’Etoile, ferme la perspective de l’avenue côté Ouest. Il est achevé en 1836.
Sous la Monarchie de Juillet, l’architecte Jacques Hittorff est chargé de réaménager les jardins des Champs-Elysées à partir de 1834. Il fait créer des massifs à l’anglaise et agrémente les jardins de quatre fontaines. Il propose également de bâtir plusieurs lieux de divertissement : le Panorama des Champs-Elysées (démoli en 1856), le Cirque d’été (démoli vers 1900), le Café des Ambassadeurs (démoli en 1929), le théâtre Marigny (reconstruit en 1880), et les restaurants Laurent et Ledoyen.
A partir du Second Empire et jusqu’à la Belle Epoque, les Champs-Elysées connaissent leur apogée et deviennent le lieu de l’élégance parisienne. L’avenue est bordée de somptueuses demeures : l’hôtel de la Païva, l’hôtel Dutuit, l’hôtel Dreyfuss, l’hôtel de Loynes, l’hôtel Soubiran, l’hôtel Edouard de Rothschild, l’hôtel Aurenque. Seul l’hôtel de la Païva a miraculeusement été épargné de la démolition.
Au niveau du Rond-Point des Champs-Elysées, le Palais de l’Industrie (inauguré en 1855) accueille les Expositions universelles de 1855, 1878 et 1889. A l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, il est démoli et remplacé par le Grand Palais et le Petit Palais. Dans la première moitié du XXe siècle, l’avenue accueille des boutiques chics, comme celle du malletier Vuitton ou du parfumeur Guerlain. De grands hôtels de voyageurs y sont construits : l’hôtel Elysée-Palace, l’hôtel Astoria, l’hôtel Claridge. Le cinéma y fait son apparition.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, les Champs-Elysées se démocratisent et deviennent la cible d’importantes opérations immobilières. Quasiment tous les hôtels particuliers sont rasés pour faire place à des galeries marchandes, des showrooms de constructeurs automobiles, des immeubles de banque, des grands cafés. Les hôtels de voyageurs disparaissent à leur tour. Petit à petit, les grands cinémas vont achever de défigurer l’avenue.
En 1994, l’avenue est réaménagée par Bernard Huet, Jean-Michel Wilmotte et Norman Foster : les contre-allées sont supprimées et les trottoirs élargis. La modernité architecturale s’est discrètement immiscée sur l’avenue avec le Drugstore Publicis et l’immeuble Elysées 26. Les gestes contemporains y sont rares avec le showroom Citroën joyeusement expressionniste.
Aujourd’hui, l’avenue des Champs-Elysées reste une adresse incontournable des marques de luxe (Vuitton, Guerlain, Cartier, Lancel, Montblanc, Hugo Boss, etc) et des enseignes grand public (Adidas, Nike, etc). Souvent considérés comme la plus belle avenue du monde, les Champs-Elysées ont pourtant perdu beaucoup de leur panache. Ils sont désormais voués au commerce, au divertissement et au tourisme.
Pour l’architecte Jacques-Ignace Hittorff, voir également le pavillon de Jacques-Ignace Hittorff, l’église Saint-Vincent de Paul, les hôtels des Maréchaux, le cirque d’Hiver, l’orphelinat Eugène Napoléon, la gare du Nord, la place de la Concorde.
Sources :
Godoÿ (Philippe), Guide du Promeneur 8e Arrondissement, Paris, Parigramme, 1995.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, 1994.
Adresse : avenue des Champs-Elysées
Métro : Champs-Elysées-Clémenceau ou Franklin Roosevelt
Arrondissement : 8e
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