Les salons Pleyel
L’hôtel Cromot du Bourg
Le chef de la fruiterie de Louis XV
Une maison est construite en 1735 au milieu de jardins maraîchers. Elle sert alors de logement à Gallerand, qui occupe le poste de chef de la fruiterie du roi Louis XV. En 1754, un commis aux finances, Boudrey, l’achète et l’agrandit. Après lui, Jules-David Cromot de Fougy, baron du Bourg, premier commis aux finances de Louis XVI, en est propriétaire à partir de 1762. Il confie probablement à l’architecte Jean-Michel Chevotet, dont il est proche, l’aménagement des salons de réception dans le style rocaille : antichambre, grand salon, petit salon, chambre à coucher. Au début du XIXe siècle, l’hôtel est divisé en lots. Les financiers André et Cottier, promoteurs du quartier Poissonnière, y habitent.
Les fabricants de piano Pleyel
Le musicien et fabricant de pianos Camille Pleyel (1788-1855) va rendre célèbre l’hôtel Cromot du Bourg. Fils aîné d’Ignace Pleyel, il s’est associé à Kalkbrenner pour fonder une fabrique de pianos. Entre 1830 et 1838, Pleyel occupe une partie de l’hôtel particulier où il fait donner des concerts dans un salon pouvant accueillir 150 personnes. Son ami Frédéric Chopin y donne son premier concert public le 25 février 1832. En 1838, la manufacture Pleyel déménage un peu plus haut, au n° 22 rue de Rochechouart. Elle dispose d’une salle de concert de 500 places. La famille royale y assiste à un concert de Chopin une semaine avant la Révolution de 1838. Les locaux brûlent en 1851 et sont démolis en 1926 ; c’est aujourd’hui le centre Valeyre. La manufacture Pleyel déménage ensuite à la plaine Saint-Denis. Elle ferme en 2013.
Une imprimerie dans la cour
En 1855, un atelier de lithographie s’implante dans une halle construite au fond de la cour de l’hôtel. Sous la Commune de Paris, « l’Imprimerie nouvelle » la remplace. Cette association ouvrière fondée en 1869 fait construire le bâtiment en brique contigu à la halle. Cette halle abrite aujourd’hui Cromot, une maison d’artistes et de production dédiée aux professionnels du spectacle vivant.
Les frères Duthuit, de grands collectionneurs
A la fin du XIXe siècle, l’hôtel Cromot du Bourg appartient aux frères Duthuit, industriels rouennais et célèbres collectionneurs d’art. Leur collection, léguée à l’Etat, se trouve au Petit Palais. Les Duthuit lèguent l’hôtel de la rue Cadet à la Ville de Paris.
Le syndicat des négociants en perles et pierres précieuses
Après la Première Guerre mondiale, le syndicat des négociants en perles et pierres précieuses s’installe dans l’hôtel Cromot. Le quartier est en effet l’épicentre du travail et du négoce des perles et pierres précieuses à Paris depuis le début du XXe siècle. Cela s’explique par l’arrivée de communautés juives et arméniennes fuyant les persécutions en Europe de l’Est et en Turquie. Le bâtiment de l’ancienne bourse des diamantaires parisiens existe toujours; il est situé en face au n°14 rue Cadet.
La culture à l’honneur
A partir de 2004, la Commission du Vieux Paris occupe une partie de l’hôtel jusqu’en 2015. Rappelons que sa mission est de préserver les édifices patrimoniaux, sites et quartiers parisiens ainsi que les vestiges archéologiques de Paris. De 2015 à 2018, la Mairie de Paris a procédé à la réhabilitation complète de l’hôtel. L’ensemble des travaux sont achevés début 2019.
Le bureau de style NellyRodi
Le prestigieux bureau de style fondé en 1985 par Nelly Rodi (maintenant dirigé par son fils Pierre-François Le Louët) a regroupé tous ses bureaux parisiens dans l’hôtel Cromot et occupe également les prestigieux salons de réception du 1er étage. Plusieurs espaces favorisent les rencontres et les échanges entre professionnels et industries créatives : l’agence de prospective et d’innovation, la galerie d’art, la tissuthèque, les salons de réception. En outre, une vingtaine de logements sociaux et 3 ateliers d’artistes ont été aménagés aux étages supérieurs.
Une architecture d’époque Louis XV
L’hôtel comprend un corps de logis sur rue et une aile gauche perpendiculaire en retour sur la cour (surélevée et dotée de verrières au dernier étage). La façade du corps de logis se caractérise par une grande sobriété. Le premier niveau est animé de refends, tandis que les autres niveaux (décroissants en hauteur) sont dépourvus d’éléments décoratifs. La frise de métopes et la grosse corniche à modillons sont inspirées de l’architecture antique. A l’intérieur, un grand escalier et sa délicate rampe en fer forgé d’époque Louis XV mène au premier étage où sont distribuées les pièces d’honneur. Plus tard, Cromot du Bourg fait appel à l’architecte Jean-François Chalgrin pour doubler l’aile sur cour et ajouter à l’extrémité du logis donnant sur la rue un pavillon à usage de boudoir, toujours doté de son décor.
Le jardin Cromot du Bourg
La cour de l’hôtel Cromot du Bourg a été aménagée en jardin public avec bancs, tapis vert et arbres. Peu connu, il est ouvert en semaine de 8h à 18h, le week-end de 9h à 18h.
Pour l’architecte Jean-Michel Chevotet, voir également l’hôtel Perrinet de Jars, le pavillon de Hanovre.
Pour l’architecte Jean-François Chalgrin, voir également l’église Saint-Philippe du Roule, le Collège de France, l’Arc de Triomphe de l’Etoile, la chapelle de la congrégation du Saint-Esprit, l’église Saint-Sulpice, l’hôtel de Saint-Florentin, l’hôtel de Luzy.
Sources :
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Goldemberg (Maryse), Guide du promeneur 9e arrondissement, Paris, Parigramme, 1997.
9e Histoire
Le Parisien, 12 novembre 2018.
Adresse : 9 rue Cadet
Métro : Cadet
Arrondissement : 9e
Téléphone :