L’hôtel des Ambassadeurs
de Hollande

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L'hôtel Amelot de Bisseul : le portail

L’hôtel Amelot de Bisseul : le portail

Un nom mystérieux

L’origine de son nom « hôtel des Ambassadeurs de Hollande » date du XVIIIe siècle et reste mystérieuse. On sait juste qu’un chapelain de l’Ambassade de Hollande y aurait célébré le culte de 1720 à 1727. Les commanditaires de ce somptueux hôtel particulier sont Denis Amelot de Chaillou, intendant des Finances puis son fils Jean-Baptiste Amelot de Bisseuil. Les Amelot sont au XVIIe siècle l’une des plus puissantes familles de robe à Paris. Les travaux commencent en 1638; ils sont achevés de 1657 à 1660 par l’architecte Pierre Cottard.

L'hôtel Amelot de Bisseul : la 1ère cour

L’hôtel Amelot de Bisseul : la 1ère cour

Un parti architectural atypique

En raison de l’étroitesse du terrain, l’architecte place l’hôtel entre deux cours sans créer de jardin comme c’est pourtant l’usage. Dans la 1ère cour, le logis est couronné d’un fronton soutenu par quatre statues d’enfants – sculptures également présentes sur les ailes latérales. Les façades sont agrémentées de cadrans solaires peints en 1679par le père Sébastien, physicien et membre de l’Académie des Sciences.

L'hôtel Amelot de Bisseul : la 2e cour

L’hôtel Amelot de Bisseul : la 2e cour

Une deuxième cour très théâtrale

Un passage orné de colonnes mène à la 2e cour. Cette cour est magnifiquement décorée de huit statues placées dans des niches : Aurore, Crépuscule, et les vertus ( Force, Vérité, Prudence, Justice, Vigilance, Sagesse). Entre les pilastres et les statues, des peintures en trompe-l’œil aujourd’hui disparues évoquent des perspectives de jardin, palliant ainsi à l’absence d’un vrai jardin.

L'hôtel Amelot de Bisseul : la 2e cour

L’hôtel Amelot de Bisseul : la 2e cour

Le décor intérieur de l’hôtel comprend encore aujourd’hui huit plafonds peints de grande qualité. Dans une chambre à l’italienne (reconstruite à l’identique), le plafond de Louis de Boullongue (d’origine) représente les noces d’Hercule et d’Hébé. Le grand salon ou salon de Flore conserve un plafond de Joseph-Marie Vien. Enfin, la grande galerie de l’hôtel est couverte par une voûte peinte par Michel Corneille représentant « l’Apothéose de Psyché », « Mercure et Psyché », et « Psyché enlevée par les Zéphyrs ».

Un hôte célèbre : l’écrivain Beaumarchais

En 1776, l’écrivain, poète, musicien et homme d’affaire Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais loue l’hôtel. Il y fonde la société de commerce Roderigue Hortalez grâce au financement du roi d’Espagne et du ministre Vergennes. Cette société écran sert à fournir des armes aux insurgés américains. Figure emblématique des Lumières, Beaumarchais fonde en 1777 la société des auteurs dramatiques qui reconnaît aux auteurs le droit de propriété littéraire.

L'hôtel Amelot de Bisseul : la grande galerie

L’hôtel Amelot de Bisseul : la grande galerie

Paul-Louis Weiller, un grand mécène du XXe siècle

Dans les années 1950, l’hôtel est acheté et magnifiquement restauré par Paul-Louis Weiller (1893-1993). Aviateur, Weiller est le plus jeune officier de la Légion d’honneur pendant la 1ère Guerre Mondiale. De 1922 à 1940, il fonde et dirige la SNECMA rebaptisée SAFRAN depuis : c’est la plus grande usine française de moteurs d’avion. Il crée plusieurs lignes aériennes et est à l’origine de la création d’Air France. Paul-Louis Weiller est aussi un grand mécène des arts. Dans son hôtel parisien, il accueille les ballets Roland Petit ou des actrices internationales comme Marlène Dietrich ou Sophia Loren. Ses amis le surnomment ironiquement « Paul-Louis XIV » à cause de son goût prononcé pour le faste du Grand Siècle.

L'hôtel Amelot de Bisseul : le plafond de la chambre à l'italienne

L’hôtel Amelot de Bisseul : le plafond de la chambre à l’italienne

Un hôtel d’exception

Devenu le siège de la fondation Paul-Louis Weiller, l’hôtel des Ambassadeurs de Hollande a été vendu en 2010 à la foncière Acanthe pour 34 millions d’euros. Il a ensuite été revendu 69 millions d’euros à un investisseur belge qui souhaite y créer un hôtel d’exception. Après les travaux qui ont débuté en 2017, l’hôtel devrait ouvrir ses portes en 2021 ou 2022 : il sera exclusivement constitué de neuf suites grandioses. Un restaurant occupera les anciennes écuries qui donnent sur la grande cour. Reliant la rue Vieille du Temple et la rue des Guillemites, la traversée des deux cours sera librement accessible. Chacun pourra enfin contempler les somptueuses façades de cette éblouissante demeure.

Sources :
Chadych (Danielle), Le Marais, évolution d’un paysage urbain, Paris Parigramme, 2010.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.

Adresse : 47 rue Vieille du Temple

Métro : Saint-Paul

Arrondissement : 4e

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