L’hôtel de Cavoye
Un premier hôtel est commandé en 1630 par Paul Bailly, aumônier du roi. Le célèbre avocat hollandais Hugo Grotius, contraint de fuir les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) où il était emprisonné, y aurait habité vers 1640. En 1661, Marie-Sidonia de Lénoncourt, épouse du marquis de Courcelles, en est propriétaire. En 1679, Louis d’Oger, marquis de Cavoye, futur grand maréchal des logis de la maison du roi, en fait l’acquisition auprès de cette femme à la réputation légère, dont il fut l’amant.
En 1686, le marquis de Cavoye fait construire un nouvel hôtel entre cour et jardin par Daniel Gittard, célèbre architecte conduisant les longs travaux de l’église Saint-Sulpice. L’hôtel connaît alors son heure de gloire, accueillant les esprits brillants tels que Jean Racine et Nicolas Boileau. Le marquis de Cavoye y meurt en 1716.
Au XIXe siècle, l’hôtel connaît plusieurs propriétaires successifs. En 1923, le comte de Beaufort le vend à une richissime américaine, madame Lehr, dont le monogramme entrelacé est présent sur le fronton du porche. La nouvelle propriétaire en profite pour faire embellir l’intérieur. Des lambris provenant de l’hôtel Senoch (rue Bayen) sont remontés dans le vestibule. Une chambre est décorée de boiseries Louis XVI démontées de l’hôtel de Crillon.
L’hôtel présente de sobres façades en pierre de taille caractéristiques du XVIIe siècle. Plus rare, il conserve sa distribution d’origine : vestibule menant à l’escalier d’honneur, salons de réception et bibliothèque au rez-de-chaussée, appartements d’apparat à l’étage. Il dispose de 600 m2 habitables et d’un jardin de près de 1.000 m2. Autant dire une pépite au cœur de l’arrondissement le plus chic de la capitale.
En 1981, le couturier Hubert de Givenchy en fait l’acquisition et remet en état jardin et intérieurs. En 1986, la société Financière et Immobilière Bernard Tapie le rachète. Bien que menacé de saisie et de vente par le Crédit Lyonnais, l’hôtel reste aux mains de ce redoutable homme d’affaire. Bernard Tapie est décédé le 3 octobre 2021.
Pour l’architecte Daniel Gittard, voir également la chapelle du noviciat de l’Oratoire, l’hôtel de La Meilleraye, l’hôtel Lully, l’église Saint-Jacques du Haut Pas, l’église Saint-Sulpice, la maison Gittard.
Source :
Leborgne (Dominique), Saint-Germain-des-Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.
Adresse : 52 rue des Saints-Pères
Métro : Saint-Germain-des-Prés
Arrondissement : 7e
Téléphone :