L’hôtel Marin de La Haye
Un architecte doublé d’un promoteur avisé
En 1779, l’architecte André Aubert (mort en 1812) obtient l’autorisation d’ouvrir les rues Caumartin, Boudreau et Trudon. Il s’est associé au fermier-général Charles Marin de La Haye occupant la charge lucrative d’administrateurs des Postes de France. Cette famille de financiers fraichement enrichis possède par ailleurs l’éblouissant hôtel Lambert situé sur l’île Saint-Louis, acquis en 1745 puis revendu en 1781. Les deux associés réalisent une très belle opération immobilière dans ce quartier en pleine urbanisation. Selon l’Almanach de Luc-Vincent Thiéry paru en 1787, André Aubert y a construit pas moins de 28 immeubles ou hôtels particuliers.
Un parti architectural original
En 1781-1782, André Aubert édifie à l’angle du boulevard des Capucines et de la rue de Caumartin l’hôtel particulier commandé par Charles Marin de La Haye pour lui-même. L’architecte axe sa composition sur une vaste rotonde d’angle, décorée de figures en haut-relief (refaites depuis), et surmontée d’un balcon offrant une vue sur le boulevard. A l’origine, le toit de l’hôtel est aménagé en terrasse : un kiosque turc et deux colonnes y sont dressés au milieu d’un petit jardin pittoresque imitant les fabriques à la mode dans les parcs de châteaux à cette époque. Le jardin a disparu et l’hôtel a été surélevé d’un étage depuis.
Des façades décorées de guirlandes de fleurs
D’une grande sobriété, les façades de l’hôtel présentent des murs à refends. Des guirlandes de fleurs décorent les allèges des fenêtres. Au 1er étage, les fenêtres sont dotées de balustres de pierre. Au étage supérieurs, les garde-corps en fer forgé à dessins géométriques sont caractéristiques de l’époque Louis XVI. Une partie de l’hôtel particulier est aujourd’hui occupée par l’enseigne Zara Home. A l’intérieur du magasin, plusieurs salons habillés de boiseries ont été conservés.
Plusieurs immeubles rue de Caumartin
Les immeubles des n°4 et 6 rue de Caumartin sont également l’œuvre d’André Aubert. Lors d’une opération immobilière appelée « Olympia-Edouard VII » réalisée au début du XXIe siècle, seules leurs façades ont été conservées, l’intérieur étant entièrement reconstruit. Ce genre d’opération pourtant très décriée se nomme « façadisme ».
Pour l’architecte André Aubert, voir également l’immeuble Aubert, l’hôtel d’Aumont.
Source :
Gallet (Michel), Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Mengès, 1995.
Adresse : 1-3 rue de Caumartin
Métro : Havre-Caumartin ou Madeleine
Arrondissement : 9e
Téléphone :