Chancellerie de
l’ambassade des Etats-Unis
hôtel Grimod de la Reynière
Un fermier-général
Laurent Grimod de La Reynière (1733-1793) occupe la fonction de fermier-général et d’administrateur des Postes. Il s’est considérablement enrichi durant la Guerre de Sept Ans. En 1775, il charge l’architecte Jean-Benoît-Vincent Barré de lui construire une demeure à la hauteur de ses fonctions. Le terrain occupe un ancien dépôt de marbre en bordure de la place Louis XV (future place de la Concorde). Afin de s’intégrer parfaitement à cet ensemble urbanistique, l’hôtel devra être similaire à l’hôtel de Saint-Florentin, son pendant situé de l’autre côté de la place Louis XV.
Le plus bel hôtel particulier de Paris
L’hôtel est considéré comme le plus fastueux de Paris à cette époque. A l’intérieur, le grand salon est décoré en 1779 par Charles-Louis Clérisseau et Etienne de Lavallée. Le décor néo-classique est composé d’arabesques et de peintures historiques dans des médaillons alternant des rinceaux verticaux. Ce décor est considéré comme le premier décor néo-classique réalisé à Paris. Il s’inspire des découvertes archéologiques faites à Pompéi et Herculanum et nous est connu grâce aux dessins aquarellés de l’architecte polonais Jan Christyan Kamsetzer faits en 1782. Aujourd’hui, six panneaux de ce décor dispersé au cours du XIXe siècle se trouvent au Victoria and Albert Museum à Londres.
Le plus grand gastronome de son temps
Le fils de Laurent Grimod de La Reynière, Alexandre Grimod de La Reynière (1758-1837), ne partage pas le goût de son père pour la finance. Il se passionne pour les belles lettres et la bonne chère et sa fortune familiale lui permet de mener grand train. A l’âge de 25 ans, il commence à organiser de fameux soupers. Il va devenir le plus grand gastronome de son époque. Ancien critique littéraire, Alexandre Grimod de La Reynière met en place un jury dégustateur et invente la première critique gastronomique. Entre 1803 et 1812, il publie 8 volumes de l’Almanach des Gourmands. En 1809, il crée les « jurys dégustateurs » : ses membres se réunissent dans un célèbre restaurant, le Rocher de Cancale, et décernent des appréciations sur les plats. Traversant la Révolution sans être véritablement inquiété, ce personnage haut en couleurs meurt paisiblement en 1837 dans son château de la Seigneurie à Villiers-sur-Orge près de Longjumeau.
La chancellerie de l’ambassade des Etats-Unis
En 1823, l’hôtel Grimod de La Reynière est vendu à l’Etat français. Il est d’abord loué à l’ambassade de Russie, puis à l’ambassade de Turquie. Ensuite, il abrite le Cercle impérial, le cercle des Champs-Elysées et enfin le Cercle de l’Union artistique qui y présente des expositions de peintures. Largement défiguré au fil du temps, l’hôtel est finalement abattu en 1932. Il est remplacé par l’édifice actuel, un pastiche néo-classique dû aux architectes William Delano et Victor Laloux. C’est l’actuelle chancellerie de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique.
Pour l’architecte Jean-Vincent-François Barré, voir également l’hôtel de Laborde, la maison Barré.
Pour l’architecte Victor Laloux, voir également la gare d’Orsay, le siège central du Crédit Lyonnais.
Sources :
Ribaut (Jean-Claude), Voyage d’un gourmet à Paris, Paris, Calmann-Lévy, 2014.
Guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994
Tobogan Antiques
Adresse : 2 avenue Gabriel
Métro : Concorde
Arrondissement : 8e
Téléphone :