Le Chabanais (démoli)

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L’entrée du Chabanais ©Collection Nicole Canet, galerie Au Bonheur du Jour

Le lupanard le plus célèbre de Paris

Le Chabanais est une maison close ouverte en septembre 1877 par Alexandrine Jouannet, dite « Fatma », Madame Darcourt, ou plus souvent appelée Kelly.  Pendant 22 ans, la tenancière va prendre sous sa coupe 35 pensionnaires, dont l’une des plus célèbres est Mademoiselle Margot. Par son luxe exceptionnel, la maison attire une riche clientèle de bourgeois, d’artistes, d’hommes politiques et de têtes couronnées. L’habitué le plus célèbre est le prince de Galles qui fréquenta la maison de 1890 jusqu’à sa montée sur le trône sous le nom de roi Edouard VII. Une chambre lui était d’ailleurs réservée. Très imaginatif, le prince avait fait installer son mobilier particulier, notamment une baignoire de cuivre rouge ornée d’une sphinge et une chaise de volupté… offrant de multiples combinaisons à ses occupants ! Parmi les clients du bordel, on cite souvent Maupassant, Pierre Louÿs ou encore le roi Charles 1er du Portugal.

Le Chabanais : la chambre du prince de Galles ©Collection Nicole Canet, galerie Au Bonheur du Jour

Des décors propices à l’évasion

La maison comprend trois salons pour la présentation et neuf chambres luxueusement aménagées avec un ameublement et des objets raffinés. Chacune présente un décor différent : Louis XVI, vénitienne, turque, russe, mauresque, française, indienne, japonaise et espagnole. Toutes étaient munies de lourdes tentures portières ou de fenêtre. Elles servaient à étouffer les sons, mais renforçaient également la sensation d’intimité dans le luxe et la pénombre.

La « chaise de volupté » du prince de Galles

Fin de partie en 1946

Après Alexandrine Jouannet succèderont à la tête de l’établissement Madame Lafarge, les époux Jalabert, et enfin Doriane, une ancienne pensionnaire du Chabanais. Avec la loi du 13 avril 1946 (dite loi Marthe Richard), le Chabanais ferme ses portes. L’immeuble a été transformé en bureaux. Les décors intérieurs ont disparu. Du mythique Chabanais, il subsiste tout de même le bel escalier en marbre et sa rampe en fer forgé, ainsi que l’ancienne grille d’ascenseur.

La galerie « Au bonheur du Jour »

Dans la même rue, la galerie d’art« Au Bonheur du Jour » propose une savoureuse sélections d’ouvrages bien documentés et magnifiquement illustrés sur l’histoire de la prostitution. Sa directrice, la passionnante Nicole Canet, expose également des dessins, photographies, peintures, objets rares ayant trait au corps et à la prostitution. Des expositions thématiques y sont régulièrement organisées.

Le Chabanais est commenté au cours de la visite guidée « Paris des maisons closes ».

Sources :
Canet (Nicole), Décors de Bordels, Paris, Editions Au Bonheur du Jour, 2e édition de 2019.
Canet (Nicole), Le Chabanais, Histoire de la célèbre Maison close – 1877-1946, Editions Au Bonheur du Jour, 2015.
Leborgne (Dominique), Guide du promeneur 2e arrondissement, Paris, Parigramme, 1995

 

Adresse : 12 rue Chabanais

Métro : Pyramides

Arrondissement : 2e

Téléphone :