L’hôtel d’Aligre
ou hôtel de Beauharnais

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ou hôtel de Beauharnais
L'hôtel d'Aligre : le portail et le bâtiment sur rue

L’hôtel d’Aligre : le portail et le bâtiment sur rue

Une demeure de la fin du XVIIe siècle

En 1681, Jacques Laugeois d’Imbercourt, receveur de l’église Saint-Sulpice puis receveur du domaine du duc d’Orléans, achète à la famille d’Aligre un terrain situé rue de l’Université. Il y fait construire par le maître maçon Tape un hôtel particulier qui remplace peut-être une demeure précédente.

Un hôtel entre cour et jardin

Sur la rue, l’hôtel se signale par son imposant portail voussuré en pierre appareillée à refends et surmonté d’un fronton triangulaire. Dans la cour, le logis est placé au fond, entre cour et jardin. Il est encadré d’ailes en retour et précédé d’un corps de bâtiment donnant sur la rue. Les façades de l’hôtel sont relativement austère. La seule fantaisie réside dans les deux lucarnes groupées et coiffées d’un fronton courbe au niveau du comble. On retrouve d’ailleurs ce même fronton courbe sur la façade donnant sur le jardin : plus large, celle-ci comporte 9 travées et se prolonge par un pavillon en saillie côté gauche, visiblement postérieur.

L’hôtel d’Aligre : la façade sur cour

La richissime famille d’Aligre

En 1708, la demeure est la propriété du Premier Président du Parlement de Paris, Achille III de Harlay (1639-1712). A sa mort, ses héritiers vendent l’hôtel à Etienne IV d’Aligre, président au Parlement de Paris. Cette famille, originaire de la Beauce, est l’une des plus fortunées de France sous l’Ancien Régime. Issue de la noblesse de robe, elle donna à la France deux chanceliers et de nombreux magistrats.

Le réformateur Maupeou

En 1739, l’hôtel particulier passe à René-Nicolas de Maupeou (1714-1792), un magistrat au Parlement de Paris qui deviendra 1er président du Parlement et chancelier de France. Garde des Sceaux de Louis XVI, il tente de réformer la justice mais s’attire l’opposition farouche de la noblesse, inamovible sur ses prérogatives et ses privilèges. Le roi se résout à le renvoyer en 1774. Après son fils Etienne, la princesse de Chimay habite la demeure en 1782, puis Antoine Amelot à partir de 1783.

L'hôtel d'Aligre : la façade sur le jardin

L’hôtel d’Aligre : la façade sur le jardin – Photographie de Charles Lansiaux

De somptueux décors datant du 1er Empire

En 1806, l’hôtel devient la propriété de Claude de Beauharnais (1756-1819). Cousin germain d’Alexandre de Beauharnais, 1er mari de l’impératrice Joséphine, il fait carrière en politique et est élu sénateur d’Amiens. Sa fille Stéphanie de Beauharnais (1789-1860) est adoptée par Napoléon 1er en 1806 et devient par son mariage la grande-duchesse de Bade. De cette époque subsistent de très beaux décors intérieurs de style Empire, dessinés par les architectes Percier et Fontaine. Le décor du grand salon du rez-de-chaussée est réalisé par le sculpteur Marquois et le peintre Etienne-Nicolas Pottier. Ce décor est à rapprocher de celui de l’hôtel de Beauharnais, considéré comme le plus beau décor Empire à Paris. Au total, quatre salons et une chambre conservent des décors Empire égayés par des palmettes, sphinx, griffons, cygnes et guirlandes. De 1882 à 1988, la célèbre Revue des Deux Mondes eut son siège dans l’hôtel d’Aligre.

L’hôtel d’Aligre : la façade sur le jardin

Sources :
Hillairet (Jacques), Connaissance du Vieux Paris, Paris, Rivages, 1956.
Leborgne (Dominique), Saint-Germain des Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.
Le Faubourg Saint-Germain, collection « Paris et ses quartiers », Paris, édition Henri Veyrier, 1987.

Adresse : 15 rue de l’Université

Métro : Rue du Bac

Arrondissement : 7e

Téléphone :