L’hôtel d’Aguessau

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L'hôtel d'Aguessau - Le portail du XVIIIe siècle

L’hôtel d’Aguessau – Le portail du XVIIIe siècle

A cet emplacement se sont succédées plusieurs grandes demeures médiévales : l’hôtel d’Eu (répertorié en 1350) puis l’hôtel de l’Etoile bâti en 1566 par Louis de L’Etoile.

Une famille de robe

L’hôtel est reconstruit en 1635, probablement pour Antoine d’Aguesseau (1587-1645). Echevin d’Amiens, ce bourgeois anobli en 1594 fait une brillante carrière dans la magistrature : lieutenant-criminel au Châtelet de Paris, il est successivement maître des requêtes en 1622, président au Grand Conseil en 1624, puis conseiller au conseil d’Etat. En 1632, Antoine d’Aguesseau devient le 1er président du Parlement de Bordeaux et décide sans doute de se doter d’une somptueuse résidence parisienne quelques années plus tard.

L'hôtel d'Aguessau - L'aile droite datant du XVIIe siècle

L’hôtel d’Aguessau – L’aile droite datant du XVIIe siècle

Le célèbre chancelier d’Aguesseau

Son petit-fils, Henri-François d’Aguesseau (1668-1751), est le personnage le plus illustre de la famille. Comme ses ancêtres, il se destine à une carrière dans la magistrature. Avocat général au parlement de Paris à partir de 1691, il devient procureur général en 1701. En février 1717, d’Aguesseau est nommé chancelier et Garde des Sceaux par le Régent, Philippe d’Orléans. Opposé au système de Law, il est vite écarté de sa fonction mais revient en 1720 pour apaiser l’opinion. En 1722, il est à nouveau renvoyé après la nomination du cardinal Dubois.

En 1721, le cardinal Fleury le nomme chancelier. Réformateur, d’Aguesseau, fait adopter par Louis XV quatre ordonnances importantes entre 1731 et 1747. Il poursuit ainsi l’œuvre de codification du droit entamée sous Louis XIV. Deux fois président de l’Académie des Sciences, le chancelier d’Aguesseau est considéré au XVIIIe siècle comme un véritable maître à penser au sein de la magistrature et l’un des hommes les plus illustres de son siècle. Plus tard, l’hôtel est également habité par le cardinal de La Roche-Aymon (1697-1777), abbé de Saint-Germain-des-Prés. Archevêque de Reims, il baptisa, maria et sacra Louis XVI.

L'hôtel d'Aguessau - La porte d'entrée richement sculptée, datant du XVIIe siècle

L’hôtel d’Aguessau – La porte d’entrée richement sculptée, datant du XVIIe siècle

Une demeure reconstruite en 1714

L’hôtel d’Aguesseau est ravagé par un incendie en 1714. Henri d’Aguesseau fait aussitôt reconstruire le corps de logis situé en fond de cour. Le décor de chutes de fleurs, de guirlandes, et les corniches couronnant les baies sont plus tardifs, exécutés à la fin du XVIIIe siècle. L’aile droite, la plus remarquable, est visiblement un vestige de l’hôtel de 1635. Sa façade est de grande qualité : sur l’enduit blanc se détache la pierre blonde présente aux encadrements de fenêtres et aux corniches les couronnant. Au niveau supérieur, les allèges des fenêtres sont décorées de guirlandes de fleurs sculptées. Située sur le côté gauche, la gracieuse porte d’entrée est surmontée d’un œil-de-bœuf encadré de figures drapées en ronde-bosse : elle ouvre sur l’ancien vestibule de l’hôtel.

L'hôtel d'Aguessau : le logis en fond de cour reconstruit en 1714

L’hôtel d’Aguessau : le logis en fond de cour reconstruit en 1714

L’aile de gauche est ajoutée en 1887 par le propriétaire, M. Voisin, qui fait également surélever l’hôtel. Cet ajout malencontreux tronque la façade du logis. Par chance, l’hôtel a conservé sa disposition entre cour et jardin à l’arrière. Sur la rue, l’imposant portail en plein cintre est appareillé à refends. Ses vantaux sont sculptés de têtes de lions et de chutes de feuillage. Ils datent probablement de l’hôtel de 1635.

Un hôtel particulier marqué à la littérature

En 1869, le libraire Auguste Aubry s’installe dans l’hôtel d’Aguesseau. Il avait lancé en 1857 « le Bulletin des bouquinistes », destiné aux bibliophiles. Au XXe siècle, Albert Camus (1913-1960) et sa famille ont habité dans cet immeuble à partir de 1946, logés dans un appartement appartenant aux Gallimard. Fondées en 1977, les éditions Actes Sud ont leur adresse parisienne dans cet hôtel.

Sources :
Leborgne (Dominique), Saint-Germain-des-Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain, Paris, Parigramme, 2005.
Le guide du patrimoine Paris, sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Paris, Hachette, 1994.

Adresse : 18 rue Séguier

Métro : Odéon

Arrondissement : 6e

Téléphone :